De Guillaume Canet (France, 2h34) avec François Cluzet, Marion Cotillard, Benoît Magimel
Quels meilleurs qualificatifs que gentil et inoffensif pour définir Guillaume Canet ? Naïf ? Fade ? Nul ? On est méchant ? C'est vrai, mais il le faut. Car s'il manquait une preuve à ses admirateurs après le surestimé et invraisemblablement récompensé Ne le dis à personne, Les Petits Mouchoirs devrait mettre tout le monde d'accord. Inspiré par un florilège bâtard de références où se croisent pêle-mêle Jean-Marie Poiret, Yves Robert, Claude Sautet, Lawrence Kasdan et Cassavetes (sic), Canet s'offre un film de potes, avec ses potes (Cluzet, Lellouche, Dujardin etc.), pour la bagatelle de 25 millions d'euros. Un peu cher pour un projet dont l'ambition se résume, grosso modo, à filmer les tracas existentiels et sentimentaux de petits-bourgeois en vacances. Rien ne fonctionne dans ce grand film personnel sur la vie et l'amour selon Saint-Guillaume : le scénario s'acharne à combler du vide et tresser laborieusement des enjeux ; la mise en scène est molle et insignifiante ; le casting en pilotage automatique ; les personnages aussi passionnants à regarder qu'un poster de l'UMP – la palme à Marion Cotillard en anthropologue bisexuelle fumeuse de joints. L'envie de faire un film de potes qui retrouverait le ton des comédies douces amères se borne à un martelage de stéréotypes et de situations fastidieuses. Bourré de prétextes (le pire étant le meilleur ami laissé à l'hosto par les autres alors qu'il est à l'article de la mort, pivot scénaristique atroce), le film va jusqu'à laisser sans voix quand il aborde le désir et la sexualité : l'épouse délaissée de Magimel comblant sa frustration dans une orgie sur Second Life ; Magimel encore, amoureux impossible -mais pas pédé, on a compris - d'un Cluzet au sommet de son hystérie. Tout ça pour quoi ? Un regard niaiseux sur l'amitié et une génération de trentenaires insipides aux allures de beaufs friqués. Sur 2h34 ça frise la punition.
Jérôme Dittmar