Alors que son CD consacré aux Suites pour violoncelle de Bach provoque quelques répliques sismiques, assurément prévisibles, Emmanuelle Bertrand, mue par le zéphyr d'un mutin dieu lare, pose le pied sur sa terre natale pour un prestigieux concert symphonique. Après l'Elégie de Fauré, œuvre-phare dans laquelle son public sera déjà conquis, elle se prêtera au jeu du "revival" d'une pépite oubliée : le Concerto pour violoncelle, de l'ombrageuse mais résolument fascinante Marie Jaëll. Grande lisztienne, pianiste virtuose ayant légué à la postérité sa pédagogie de l'instrument, la compositrice est encore connue aujourd'hui pour sa célèbre "Méthode Marie Jaëll". L'air du temps médiatique élude parfois le discernement au profit de l'intriguant concept artistique de parité. Or, voici un corpus passionnant, cohérent et une compositrice au talent éblouissant, à qui il convenait indubitablement de redonner toute sa place dans la frise chronologique de la musique. Emmanuelle Bertrand saura bien sûr, faire éclater ce pur diamant, puis laissera la place à un tube planétaire, dont l'auteur, Maurice Ravel, dira lui-même : « Je n'ai écrit qu'un seul chef-d'œuvre, le Boléro, malheureusement, il ne contient pas de musique ».
Le Violoncelle au féminin, Opéra de Saint-Étienne, mardi 19 novembre à 20h