Il est là, il arrive, mystérieux et attendu comme la candidature de Martine Aubry aux primaires. Il prend son temps pour faire durer le suspense. Qui ça ? The Rip Tide, le nouvel album de Beirut alias Zach Condon dont on a pu avoir quelques primeurs récemment avec le sublime single East Harlem et sa non moins superbe face B. Et par la même occasion Zach Condon lui-même, furieusement disparu des radars après une surexposition médiatique qui a bien failli lui couper les ailes pour de bon. Le voilà enfin, le Condon, après un rendez-vous manqué de sinistre mémoire, sur la scène des Nuits de Fourvière pour un concert qu'on pressent bourré jusqu'à la gueule de nouveautés mais aussi d'antiennes plus anciennes, chipées sur ses déjà classiques albums The Flying Club Cup ou Gulag Orkestar. Et on a hâte de retrouver ce petit génie juvénile capable de mélanger le folklore mexicain, la pop, la chanson française de papa (son péché mignon : reprendre Brel) et la musique des Balkans, sans que jamais toute cette tambouille ne donne l'impression de manquer d'unité ou de menacer d'indigestion. Ceux qui ont eu la chance de le voir lors de son unique concert lyonnais au Kao vous le diront : si ce concert dans les vieilles pierres du Théâtre antique de cet amoureux du patrimoine n'est pas un pur moment de magie, d'une on se retire de la vie musicale, de deux, l'an prochain il n'y a plus qu'à programmer Sylvain Mirouf.
Stéphane Duchêne
BEIRUT + MORIARTY + VILLAGERS
Au Grand Théâtre Lundi 18 juillet (complet)