Dans le monde feutré des musiques classiques, on s'arrache les cheveux pour programmer des soirées du Nouvel An festives mais pas mièvres, colorées mais pas trop, réjouissantes mais pas rigolardes. Pascale Clavel
C'est un moment crucial de l'année, il faut détendre le public sans tomber dans le burlesque à 3 balles, il faut enivrer les oreilles à l'aide de mélodies plutôt sirupeuses et donner ce plaisir simple d'être là, au bon endroit, juste avant les fameux douze coups de minuit. L'Opéra et l'Auditorium s'y sont donnés à cœur joie et essaient tous les ans de rivaliser d'idées géniales avec plus ou moins bon goût. À l'Auditorium, c'est la fête foraine version un peu guindée quand même. On nous annonce «un concert avec feu d'artifice !» Le point d'exclamation indique que le spectacle est vraiment original et c'est là que les choses peuvent se gâter. L'originalité n'ayant rien à voir avec une certaine qualité attendue, on peut avoir peur par simple anticipation. On nous annonce encore une soirée à Versailles avec feu d'artifice. Au menu, une Suite pour orchestre de Bach, un Concerto de Vivaldi, un autre de Tartini et bien entendu la Musique pour les feux d'artifice royaux de Haendel. Une soirée à Versailles avec des compositeurs qui n'étaient pas du tout avec Louis XIV au temps de sa splendeur... C'est certain, le point d'exclamation est utile. Il revient une autre fois lorsqu'on nous dit de ne pas avoir peur du vrai feu d'artifice ! Aucun risque ! C'est bon de le savoir parce qu'on préfère sortir vivant de l'Auditorium ce soir là.
Que le choix est difficile !
«Soirée de musiques joyeuses, heureuses, colorées, légères» rien que ça, Serge Dorny est aux anges, il aime faire plaisir et veut partager avec le public un moment unique rempli de pétillement musical. À l'Opéra de Lyon, le Nouvel An, c'est la soirée de la joie parfaite. Des extraits d'opérettes, des valses lentes et enivrantes, des airs d'opéras collés au plus profond de l'inconscient collectif. Bien sûr, dans la salle, on va chantonner sec, les tubes de Johann Strauss vont sonner à rompre les cintres. La sublime soprano Véronique Gens offre sa voix ronde et généreuse aux héroïnes de Strauss sous la baguette du chef autrichien Léopold Hager. Des polkas dont la fameuse et sautillante Tritsch-Tratsch, des extraits cocasses de La Chauve-souris, des airs suaves d'Une nuit à Venise et du Baron Tzigane. Le public sera forcément conquis et ravi d'entendre les œuvres de Johann Strauss. Il pourra aussi danser sur les valses du frère moins connu, Joseph, resté un peu dans l'ombre de Johann, musicalement plus dégourdi. Un passage d'année qui se fera dans la bonne humeur, dans l'humour tendre et décalée d'une Polka savoureuse. Champagne !