Que se passe-t-il quand un metteur en scène refuse de se plier à l'obligation de produire à intervalles réguliers des spectacles nouveaux, des spectacles «finis» ? Catherine Hargreaves s'est lancée dans un projet aux multiples étapes autour du poème de Coleridge, La Ballade du Vieux Marin. Un voyage sur un cargo effectuant la liaison Le Havre/Buenos-Aires Cargo, diverses résidences et des spectacles, présentés entre les étapes de travail. Si la première partie du spectacle, présenté en janvier au Théâtre de La Croix-Rousse, a été fraîchement accueillie, Hargreaves ne désarme pas. Dans La Ballade du vieux marin, II – Cargo, elle souhaite continuer son travail sur l'expérience du spectateur.
«Je travaille sur ce que signifie La Ballade du Vieux Marin pour nous aujourd'hui, sur l'histoire de cet homme qui tue l'albatros sans raison». Elle se défend cependant de toute provocation : «je cherche à faire penser les gens, pas à les provoquer. Pour ce projet, je travaille sur une forme particulière, entre le théâtre de recherche et le spectacle. Mais je ne cherche pas la radicalité artistique sur le plateau, je veux simplement montrer quelque chose de vivant. Je suis à la recherche de la beauté, de l'accident». Cargo, qui s'appuie sur le poème de Coleridge, des vidéos prises sur le cargo, des témoignages, de la musique, surprendra sans doute, décevra peut-être, mais ne devrait pas laisser les spectateurs indifférents.
«C'est un poker, je remets une carte sur Le Vieux Marin. Le 29 avril, je me poserai pour savoir si je me suis trompée. Si les gens se sont ennuyés, j'ai raté, s'ils sont en colère, c'est moins un échec, s'ils sont touchés, c'est gagné».
Dorotée Aznar