Pour l'avoir beaucoup suivie, on voit bien ce que tisse spectacle après spectacle Catherine Hargreaves : une certaine envie de rendre palpable et immersive la littérature anglo-saxonne, dont elle est une très grande spécialiste, de Kerouac à Burroughs ou, ici, Coleridge. «Qui ça ?» comme le demande promptement un des personnages. Un poète britannique du XVIIIe siècle, leader d'un mouvement romantique que la metteur en scène avait déjà mis en avant avec sa troupe des 7 Soeurs dans un dytique pas toujours bien ficelé mais loin d'être inintéressant : La Ballade du vieux marin.
Avec Autonomie : la défaite ! elle annonce la couleur dès l'introduction : «on a perdu le spectacle». La tentative des deux protagonistes de le retrouver et de le jouer est plutôt drôle, donnant lieu à une réflexion sur le théâtre et la fonction même du jeu, des artifices scéniques (réduits à de simples chaises et des costumes baroques) et de la technique (la salle étant plongée dans le noir par intermittence). Lorsqu'enfin ils retrouvent le fil, c'est même avec une certaine force qu'ils parviennent, juste par la description de leur environnement (une forêt sombre), à nous transmettre un sentiment de peur. Mais ces bouts d'essais se diluent dans une pièce qui, faute d'une colonne vertébrale, explore en à peine une heure trop de pistes sensorielles et réflexives à la fois. Les notions, pourtant passionnantes, d'individualité, de collectif, d'indépendance et de subordination, donc de politique, sont effleurées puis étouffées. Jusqu'à un final qui laisse complètement coi.
Nadja Pobel
Autonomie : la défaite !
Au théâtre de l'Elysée jusqu'au vendredi 31 octobre