Partons du principe qu'il vaut mieux découvrir une œuvre tranquillement plutôt que deux cents toiles impressionnistes en dix secondes chrono chacune... Et l'on appréciera alors ce drôle de lieu exigu qu'est Bikini, présentant à travers ses vitrines (le lieu n'est ouvert qu'au moment des vernissages et sur rendez-vous) une ou deux pièces d'art (d'où son nom). Des pièces forcément volumineuses et au fort impact visuel. Un texte d'obédience littéraire, décalé, affiché sur une vitre, les accompagne systématiquement...
L'idée de Bikini a été lancée en décembre dernier par quatre jeunes artistes et responsables de centres d'art (Marie Bassano, Noémie Razurel, Simon Feydieu et Hugo Pernet), et Stephen Felton est déjà le cinquième artiste invité. Ce peintre américain minimaliste, né en 1975, prône le geste spontané contre tout effet virtuose, l'art mêlé à la vie, et travaille à partir de signes simples et de couleurs franches. Il a produit pour Bikini, avec un budget nul, une sorte de mini-installation faite de triangles en carton peints en rose ou bleu. Rien de renversant certes, mais une ouverture des plus sympathiques sur l'œuvre en devenir de Felton, dont le texte de Timothée Chaillou donne quelques prolongements à partir notamment de citations d'Olivier Mosset, New Order, Slavoj Zizek ou de l'artiste lui-même... «Mon travail est hésitant, brut. Je veux produire un aspect tranchant et incisif. Ma peinture est physique», écrit Felton. Une citation qui convient aussi à l'état d'esprit de Bikini !
Jean-Emmanuel Denave
Stephen Felton
À Bikini, jusqu'au 26 mai
Prochaine exposition : Gregory Cuquel, à partir du 2 juin