Moyennement voire très sévèrement accueilli par la presse au dernier festival d'Avignon où il fut créé, matière à diviser les rédactions (dont la nôtre), Plage ultime est pourtant un spectacle puissant pour qui accepte de se laisser engloutir par ses sables mouvants.Nadja Pobel
Un fatras d'accessoires jonche le plateau : un bar, un piano à queue, des fauteuils mais aussi et surtout, au premier plan, un tapis roulant d'aéroport et juste derrière un pont métallique suspendu, comme une passerelle dont on ne sait ni d'où elle part ni où elle mène. Les comédiens vont et viennent, maugréent, rient, échangent parfois quelques bribes d'histoires.
Alors bien sûr, ce travail (initialement annoncé d'une durée de 2h40 et fort heureusement pour son rythme resserré en 1h40) n'est pas narratif, il est même parfois très épars mais peu importe car ce que parvient à capter Séverine Chavrier est la frénésie - ou l'arrêt brutal - des déplacements et le néant auquel renvoie ce perpétuel et obsédant besoin de se rendre d'un point à un autre. Les valises valsent, tombent, s'entrechoquent souvent dans ce spectacle inspiré de l'univers de l'écrivain américain J. G. Ballard ; les gens courent, se figent, se cognent, recommencent dans ce qui peut être un hall de gare, symbole implacable d'une société trop pressée.
Mais il s'agit plus sûrement encore d'un no man's land voire d'une loupe posée sur notre boîte crânienne, dans laquelle tout se bouscule parfois.
Nadja Pobel
Plage ultime
au théâtre de la Renaissance, mercredi 20 et jeudi 21 mars