Tandis que la plupart des structures dégainent avec allégresse des plaquettes toutes plus travaillées les unes que les autres, deux théâtres sont dans l'incertitude et le flou en cette rentrée : les Ateliers et le Toboggan. Explications.Nadja Pobel
Les courants ne sont pas les mêmes pour tout le monde. En eaux calmes cette saison, le TNP poursuit sa route (Christian Schiaretti a été reconduit pour trois ans), les Célestins perdent leur co-directeur en avril (Patrick Penot prend sa retraite) et le TNG clôt un cycle de dix ans avec Nino d'Introna, en attendant de savoir s'il continuera ou non. À la Renaissance et à la Croix-Rousse, Roland Auzet et Jean Lacornerie forgent des programmations qui leur ressemblent de plus en plus et affirment les identités singulières de leurs lieux.
Et puis il y a les eaux troubles, à commencer par celles dans lesquelles le théâtre des Ateliers patauge depuis plus d'un an. À l'automne dernier, Simon Delétang, son directeur, démissionnait, agacé de ne pouvoir se défaire de la figure tutélaire du lieu, Gilles Chavassieux, qui a en 1975 fondé de toutes pièces ce théâtre dédié aux écritures contemporaines - la municipalité de Louis Pradel n'était pas réceptive à cette initiative. Des textes de Vinaver, Schimmelpfennig et beaucoup d'autres y ont été montés très tôt, bien avant qu'ils ne deviennent incontournables. C'est fort de ce passé honorable que ce metteur en scène de 80 printemps, dont les yeux s'éclairent dès qu'on lui parle d'écriture et de direction d'acteurs, souhaite garder les rênes du théâtre. Pas pour le diriger de nouveau - il souhaite d'ailleurs choisir celui qui succèdera à Délétang, mais pour y poursuivre ses créations.
To be or not to be
Cet hiver, il a proposé un projet allant dans ce sens à Philippe Delaigue (puis à Laurent Fréchuret), qui a retiré sa candidature, faute de réponse des pouvoirs publics. Ceux-ci ont une position très claire, que résume Georges Képénékian, adjoint à la culture à la mairie de Lyon : «il faut dissocier le règlement de la complexe question juridique (aux Ateliers co-existent actuellement une SCOP et une SARL, NdlR) et la nomination du candidat. On ne reconduira pas nos subventions sans cela». En attendant que la situation se débloque, la ville, la DRAC et la Région n'ont versé de subventions au théâtre que du 1er janvier au 30 juin dernier. Avec ces subsides, Gilles Chavassieux a néanmoins monté une saison qu'il présentera au public le 17 septembre. D'ici là, peut-être qu'une solution aura été trouvée, ce dont ne doute pas Georges Képénékian. Joris Mathieu est en tout cas fortement pressenti pour prendre la suite et développer un théâtre du numérique et de l'image, comme il le fait depuis quinze ans avec sa compagnie Haut et Court.
Au Toboggan aussi, la situation est délicate : sa plaquette ne sortira qu'en novembre, pour une saison qui débutera en janvier avec l'Alice du Nouveau Cirque National de Chine, vu aux Célestins l'an dernier à Noël. Jean-Paul Bouvet, directeur historique du lieu - il était dans les murs depuis l'ouverture en 1996 - parti à la retraite en juin, n'a pas encore de successeur. La salle, elle, est pour l'instant en travaux, et l'universitaire lillois Pierre Yana a été missionné par la mairie pour bâtir sur six mois une programmation similaire aux précédentes, autrement dit accordant une importante place à la danse, comme le souhaite la DRAC. Un nouveau directeur sera nommé en janvier.