La 34ème édition du Festival d'Ambronay a un goût particulier. Et pour cause : elle voit le départ du directeur historique de cette magnifique machine à rêves, Alain Brunet. Pascale Clavel
Il a commencé presque seul à croire qu'un festival de musique baroque pouvait s'implanter là, à Ambronay, alors que toute la vie musicale s'auto-satisfaisait à Lyon. Alain Brunet aura été un visionnaire qui 34 ans plus tard peut être heureux : le Festival d'Ambronay est devenu un événement incontournable pour tous les amoureux du genre, le label Ambronay Editions grave de petites pépites rarement entendues, l'académie baroque européenne fête ses 20 ans, des résidences de jeunes ensembles ont vu le jour en 2010, la ville est un véritable lieu de recherche où universitaires et chercheurs confrontent leurs points de vue...
Le passage de relais se fait à un moment où le festival est à son apogée. Cette année, l'affiche est belle dans l'Abbatiale : Philippe Jaroussky, Jordi Savall, René Jacobs, des baroqueux qui font se déplacer les foules. Un peu au large, le chapiteau accueille les voix du monde, preuve si besoin était qu'Ambronay aime les esthétiques dans toute leur diversité, au point de prendre des chemins inattendus : de Monteverdi à Arandel, Alain Brunet a réussi un pari fou.
Mot de la fin
Il faut dire qu'il est un homme atypique dans le petit monde feutré des directeurs artistiques, lui qui a fait de l'humilité et de l'effacement sa marque de fabrique. Il s'en va avec un grand pincement au cœur : «J'ai été content de pouvoir faire venir ici les plus grands maîtres de la musique ancienne. Ravi aussi de la réussite du festival, qui a su coupler musique ancienne et musique contemporaine et s'ouvrir sur les musiques du monde. J'ai toujours veillé à une grande ouverture vers d'autres publics, vers d'autres répertoires. Je suis assez fier de ne pas avoir enfermé Ambronay dans un registre de musique ancienne pur et dur. J'aime l'idée des ponts et des passerelles. Je suis heureux que Daniel Bizeray (ancien directeur de l'Opéra-Théâtre de Saint-Etienne et grand connaisseur de la musique baroque, ndlR) me succède, je le connais depuis longtemps, j'ai un rapport très professionnel et amical avec lui. C'est un peu difficile pour moi malgré tout, je me suis investi, j'ai monté une boutique pendant 34 ans et je sens le besoin d'accompagner un peu la structure, qui est dans une phase de grande transition». Daniel Bizeray peut prendre la suite avec sérénité.
Festival d'Ambronay
Jusqu'au dimanche 6 octobre