Contre toute attente, l'événement 2013 de la Fête des Lumières se tiendra peut-être bien dans un tunnel ! Celui sous la Croix-Rousse, réservé aux modes de transport doux. Mais comme ce dispositif sera pérenne, passons plutôt en revue les nouveautés et immanquables de cette édition qui se tiendra du vendredi 6 au lundi 9 décembre.Nadja Pobel
Il y a tant de lumières à Lyon que même Gérard Collomb s'emmêle. En présentant à l'Institut Lumière la prochaine édition de la Fête des Lumières, l'édile s'est en effet réjouit d'annoncer cet événement annuel dans la salle «qui il y a quelques jours encore accueillait le festival des Lumières». Les frères au célèbre patronyme confondus avec des lumignons ! À ce moment-là, cela faisait déjà 1h30 que l'adjoint à la culture et aux grands événements de la ville, Georges Kénépékian, et ses équipes égrenaient le contenu de ce moment incontournable de la vie lyonnaise. Cette année, la Fête se tiendra du vendredi 6 au lundi 9 décembre. Les axes nord-sud seront exploités dans leur totalité, voyant revenir l'illumination du Parc de la Tête d'Or, volontairement laissé de côté l'an dernier pour concentrer les efforts et la fréquentation sur la Confluence alors flambant neuve. Le parc permettra à Lyon de concrétiser ses relations avec la Chine, puisque ce sont des lanternes de la ville de Xi'an qui seront disséminées dans les arbres et sur les pelouses.
Stars, gigantisme et classiques
Après Anne-Laure Parot ou Agatha Ruiz de la Prada l'an dernier, le comité a convié deux autres artistes connus du grand public : Jean-Charles de Castelbajac investira la cour de l'Hôtel de ville avec une végétation luxuriante et une pluie d'étoiles lumineuses ; la créatrice de lingerie Chantal Thomass s'emparera elle de la place de la Bourse en y installant d'énormes bouquets de fleurs. Du côté de Saint-Jean, place au dantesque. La colline de Fourvière sera transformée en «grand orchestre» symphonique sur le thème musical d'ouverture du film Lawrence d'Arabie, composé par le Lyonnais Maurice Jarre. La place Saint-Jean sera, quant à elle, investie par une espèce de mégalithe qui réfléchira de la lumière non seulement sur la cathédrale mais aussi sur les façades est et ouest. Parmi les autres lieux incontournables : la place des Terreaux, confiée à Damien Fontaine, qui se fendra d'une véritable création, et pas seulement d'un exercice de video mapping, avec l'histoire d'un prince à la tête d'un royaume dont il est le seul habitant (drôle d'idée que de proposer un tel pitch sur les murs de la mairie, à quatre mois du scrutin municipal !). La place Bellecour reste, elle, entièrement mystérieuse pour le moment, mais cet espace souvent pauvrement mis en scène pourrait enfin être à la hauteur de sa magnificence puisque le projet s'installera sur plus de la moitié de la surface cette fois-ci, et une joyeuse marionnette géante en prendra le contrôle sous la houlette du scénographe et artificier Joseph Couturier.
Chemin de traverses
Parmi les curiosités qui attisent notre appétit, signalons la voûte sous Perrache. Ce passage bien peu attrayant avait été transformé de mains de maître en fond subaquatique l'an dernier par la direction de l'éclairage public de la ville. Cette année, c'est un artiste polonais qui aligne une bonne vingtaine de photos prises par la fenêtre d'un train dans divers endroits du monde (dont Lyon !), transformant le passage en wagon mouvant. Plus simple que bien des projets sur le papier, la Montée de la grande côté pourrait bien être un des endroits les plus bucoliques de la Fête avec de simples arbres de lumière aux couleurs changeantes, de l'hiver au printemps, du givre aux bourgeons. Frédéric Godeau, qui illumine notamment les grands magasins parisiens aux alentours de Noël et récemment la basilique Saint-Pie X à Lourdes, sera aux commandes de ce modeste mais a priori féérique projet. Parmi les nouveaux lieux figurent le Mur de Lyonnais. De jeunes créateurs de l'école Emile Cohl et de Theoriz Crew (signataires des Pac Men interactifs il y a deux ans) vont animer sept personnages de cette peinture murale. Très intriguant. La place des Jacobins, après sa réfection, redevient aussi un lieu attractif. Ce sont les susnommés et très talentueux agents de la direction de l'éclairage de la Ville qui s'y collent avec un plafond de lumière et une boîte à vitres sans tain qui laissera entrevoir la statue centrale. L'Hôtel Dieu en revanche, longtemps annoncé fermé et exceptionnellement ouvert ces dernières années pour la Fête, sera cette fois bel et bien clos : une invitation à sortir des limites de la Presqu'île puisque deux tiers des installations se tiennent hors des 1er et 2e arrondissements.
Tunnel
Enfin, comme la Fête des lumières est tout sauf un événement dénué d'enjeux politiques, à l'extrême sud de la ville, le musée des Confluences, dont l'ouverture est prévue pour octobre 2014, sera visible de loin avec ses 250 gyrophares de tailles, couleurs et intensités lumineuses différentes plantés sur le dos. Et la mise en lumière du deuxième tunnel sous la Croix-Rousse, réservé aux modes de transport doux (bus, vélo, piétons) sera un des attraits principaux de cette édition, dès le 5 décembre et pour une durée pérenne. Ce n'est rien moins que le groupe Skertzó qui a été retenu pour ce projet, lui qui avait déjà illuminé avec virtuosité la place des Terreaux l'an dernier et surtout en 2002 et 2003. Les 1800 mètres du tunnel (qui pourraient effrayer plus d'un Lyonnais) ont été découpé en douze segments de 250 m qui alterneront des images anamorphosées mouvantes et fixes pour un voyage immersif en pleine nature. Alors que nous plongerons dans un tube de béton, ce seront une forêt ou des fleuves que nous aurons l'impression de traverser. Attention magie ! Mais gaffe à ne pas se prendre un arbre !
Fête des Lumières 2013
Du vendredi 6 au lundi 9 décembre