Pour sa réouverture après travaux, et avant l'inauguration d'une exposition permanente fin janvier, le Planétarium accueille "XYZT", fascinant travail d'Adrien Mondot et Claire Bardainne conçu à partir de la notion de point. Une expérience interactive absolument réussie. Nadja Pobel
Il est ingénieur informaticien, comme on dit parfois en raccourci d'un métier lénifiant. Elle est plasticienne, scénographe et designer graphique, une triple profession à faire se pâmer les hipsters. Ils n'avaient rien pour se rencontrer et pourtant, depuis 2010, ils font route commune au point que le nom de la compagnie du premier, Adrien M, s'est doublé d'une certaine Claire B. À Poitiers, à Bussang mais surtout sur la scène nationale de l'Hexagone de Meylan, en périphérie grenobloise, ils composent à quatre mains des objets insolites, notamment le spectacle-conférence Un point c'est tout et l'exposition XYZT qui, deux ans après son invention, se retrouve au Planétarium. Simplement nommer les lieux où leur travail est accueilli (théâtres, comme celui des Célestins, dans le cadre cette semaine du festival Micro Mondes, sites scientifiques mais aussi scènes plus arty à l'image de celle des Subsistances) montre à quel point leurs œuvres sont à la croisée de disciplines peu amenées à se confronter habituellement.
L'ABC d'XYZT
Dans un espace noir, les neuf installations de XYZT (X, Y et Z pour définir l'espace, T pour le temps) ne s'animeront que par l'intervention des visiteurs-acteurs. Mais avant toute chose, il faut pénétrer dans cette salle par un petit couloir sur le sol duquel s'étalent des lignes lumineuses simulant des touffes d'herbe qui se meuvent au contact de pas. Plus loin, le visiteur verra s'agréger sur sa silhouette, projetée sur une simple toile de tulle, une nuée de petits traits, comme s'il était pris dans un essaim d'abeilles. Sur l'écran de Collisions discrètes, c'est à la main du spectateur d'arrêter la chute de lettres pour faire l'expérience de la pesanteur.
Derrière chacune de ces installations captivantes (à tous les sens du terme) se cachent en fait des procédés mathématiques et physiques, illustrés par l'utilisation de la caméra Kinect (un accessoire de la Xbox 360), qui capte les déplacements humains pour les restituer artistiquement. Une manière pour Adrien Mondot de rappeler qu'il est également jongleur et que le décryptage du mouvement n'a que peu de secrets pour lui. Même quand elles sont moins spectaculaires, les créations du duo font sensation, à l'image de ces trois petits aquariums dans lequels ils ont enfermé des lettres immatérielles qui se meuvent sous l'impulsion d'un souffle ou d'un son, jusqu'à devenir des insectes ou des reptiles. Ainsi réduites, les inventions du Mondot/Bardainne sont de véritables joyaux.
XYZT, les paysages abstraits
Au Planétarium, Vaulx-en-Velin, jusqu'au dimanche 19 janvier