Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils connaissent leur métier. Depuis seize ans, le quatuor de musiciens et de «chantistes» (comme ils se définissent eux-mêmes) Entre 2 caisses promène des spectacles vocaux parfaitement maîtrisés, à l'image de Je hais les gosses où, reprenant des chansons d'Allain Leprest, ils construisent un univers qui leur est propre, s'imaginant vivre dans un futur lointain et venant visiter les ruines du début du XXIe siècle, cette drôle d'époque où l'on travaillait (encore) un peu et où les enfants allaient à l'école (folle hérésie !).
Le récital s'adresse d'ailleurs au jeune public, qui en prend pourtant pour son grade, comme le laisse entendre l'ironie du titre. Tant pis s'il entend des gros mots, après tout, il adore ça. Et tant pis s'il ne saisit pas toutes les connotations de ce spectacle résolument utopiste et même politiquement assez engagé, l'air de rien (on vous laisse deviner de quel côté penchent ses auteurs).
Pour éviter une disposition scénique trop frontale et statique à base de micro-pieds, les quatre compères ont fait appel à la chanteuse Juliette, qui signe une mise en scène en constant mouvement, avec des éléments dé décor sommaires mais jamais superflus. Dans cette atmosphère à la Tati, qui pourrait verser dans la niaisierie et le "béni oui-ouisme", Entre 2 caisses tire habilement son épingle du jeu grâce à son talent incontestable, à sa vitalité ébouriffante et sa capacité à habiter les espaces scéniques les plus grands ou les plus intimes (comme dans le Off d'Avignon cet été, où le groupe a fait salle comble).
Nadja Pobel
Je hais les gosses
Au Théâtre de la Croix-Rousse, du mercredi 18 au dimanche 22 décembre
Au Théâtre de Vénissieux vendredi 28 février