Annoncée "au cœur des arts", l'édition 2014 du Printemps des poètes permettra plus que jamais d'approcher cette forme littéraire de manière très éclectique, tout en consacrant un des plus grands auteurs français vivants, Jacques Réda, qui s'est vu remettre cette année le prix Kowalski. Nadja Pobel
On ne change pas une équipe qui gagne : c'est une fois de plus celle de l'Espace Pandora, emmenée par Thierry Renard, tout juste décoré des insignes de l'Ordre des arts et des lettres au cours d'une cérémonie-hommage à la langue particulièrement émouvante, qui a eu la tâche de décliner cette manifestation nationale sur le territoire lyonnais. Comme chaque année, elle s'y attelée de manière inattendue. En balade, au théâtre bien sûr, mais aussi au musée, dans la rue ou des parkings, en écho à la musique électronique (au Périscope, au Lavoir) ou sous forme de flash mob : grâce à elle, la poésie sera partout du 8 au 15 mars, et les auteurs nombreux, de Michaël Glück, parrain de cette édition, à Paola Pigani, invitée d'honneur, en passant par Laure Morali, en résidence à Pandora et surtout Jacques Réda, poète d'envergure internationale (quasiment à l'instar d'Yves Bonnefoy, honoré en 2011) auquel la Ville de Lyon a décerné cette année son prix Kowalski.
Réda passe par là
Jacques Réda, 86 ans, s'est fait connaitre dans les années 60 avec Amen. Il a depuis publié plus de soixante-dix titres, la plupart chez Gallimard, où il est membre du comité de lecture et où, de 1987 à 1995, il a dirigé la – toujours – prestigieuse Nouvelle Revue Française. Poète, marcheur, contemplateur de la lenteur, il est aussi un grand admirateur de jazz, musique qu'il a découverte à la Libération et qui ne l'a plus quittée, au point de lui consacrer de nombreuses chroniques dans Jazz Magazine, rassemblées dans L'Improviste, une lecture du jazz (1980) et Jouez le jeu, l'Improviste II (1982) auxquels s'ajoute notamment son Autobiographie du jazz de 2002. Dans une interview donnée à Laurent Lemire en 2011 pour la sortie de Le Grand Orchestre, il confait d'ailleurs écrire comme Rex Stewart joue de la trompette : «Xomme lui, en transposant dans mon domaine, j'aime assez m'exprimer avec des pistons enfoncés à mi-course. J'aime bien la formule des musiciens qui après un morceau disaient "It tells a story"».
Entre prose et vers, il trace un chemin qui l'a déjà mené au Grand Prix de poésie de l'Académie Française en 1997 et au Goncourt de la poésie 1999. Avec Prose et rimes de l'amour menti (paru à l'automne Fata Morgana), il entre donc au panthéon lyonnais et dément ce qu'il avançait il y a peu : «Les poètes, comme les sportifs, donnent le meilleur quand ils sont jeunes. Après 30 ans, ils ne sont plus géniaux».
Le Printemps des poètes
Du samedi 8 au samedi 15 mars
Remise du Prix Kowalski et lectures par Jacques Réda
A la bibliothèque de la Part-Dieu, mercredi 12 mars