Le Sucre sort de sa routine le temps de quatre soirées durant lesquels se produiront autant de fondateurs de labels emblématiques de la musique électronique actuelle... Et qu'on vous recommande plutôt quatre fois qu'une.Benjamin Mialot
La vingt-neuvième cérémonie des Victoires de la musique fut, sans surprise, un énième pince-fesses corseté où chanteurs-sandwichs et égéries périmées tentèrent tant bien que mal de faire oublier le déficit d'ambition et d'idées qui grève l'industrie du disque depuis le début des années 2000. Une mascarade qui ne doit pas faire oublier ce motif de satisfaction : la présence, parmi les nominés, du redoutable Gesaffelstein, aboutissement de deux décennies d'activisme techno.
Un activisme dont le Grenoblois The Hacker est encore aujourd'hui l'une des principales figures, aussi bien en tant que label manager (jadis de Goodlife, aujourd'hui de Zone, qu'il a co-fondé avec... Gesaffelstein) qu'en tant que producteur - d'une musique devant autant à la compacité et à la combativité du new dance sound of Detroit qu'à la morgue mélancolique des souverains de la new wave. A l'approche de la parution d'un album en forme de synthèse esthétique, le sacrément bien titré Kraft/Love (non content de lister les qualités suffisantes et nécessaires à l'exercice d'un art, il fait référence à Kraftwerk et Lovecraft), Le Sucre ne pouvait mieux l'honorer qu'en l'invitant à donner le coup d'envoi de cet événement.
Putain putain, c'est vachement bien
D'autant qu'il sera bien entouré. On ne présente plus Kompakt (ni Michael Mayer, son ambassadeur), cela fait déjà plus d'une douzaine d'années que cette internationale de la techno minimale (du Brésilien Gui Borrato au Suédois The Field) fait référence.
Basé en Italie, Life and Death creuse pour sa part, sur les traces du duo à ses commandes, Tale of Us, un sillon house où la célébration du culte du corps en mouvement - l'an passé, l'EP Another Earth faisait dans la mélodie pour messe dématérialisée – ne se fait pas au détriment d'un vrai souci du dépaysement – trois ans plus tôt, le très organique Upon a Time troquait le dancefloor pour une rainforest.
Quant à Hotflush, il publie depuis 2003, sous la houlette de Scuba, maître du clair-obscur textural s'il en est, ce qu'il se fait de plus lumineux, dans tous les sens du terme, en matière de bass music d'avant-garde, des abstractions couleur petit jour de Mount Kimbie aux hymnes aveuglants - comme peut l'être la lumière du jour après une nuit passée dans une cave à se faire refaire le thorax à coups d'infrabasses - de Joy Orbison. En voilà un quarté qui va rapporter gros.
4 X 4
A Sucre, vendredi 28 février et samedi 1er, vendredi 7 et samedi 8 mars