Peu importe la programmation, lorsqu' Emmanuel Krivine arrive à Lyon, c'est bourrasque sur la ville : il faut aller l'entendre en toute hâte, en urgence absolue. Les chefs d'orchestre de cette trempe sont rares, qui transcendent tout sur leur passage, soulèvent un phrasé qu'aucun autre avant eux n'avait su révéler, d'un coup de baguette font surgir l'impensable. C'est ça Krivine : un chef qui décoiffe, ébouriffe et malaxe une musique pour en sortir l'essence pure, donnant l'impression que chaque œuvre qu'il dirige a été composée la veille. Et dont la gestique, captivante et d'une incroyable efficacité, donne à chaque musicien une véritable envie d'en découdre.
Sa Chambre Philharmonique toute à sa cause, cet homme aux discours volontiers excessifs s'attaquera à l'Opéra de Lyon, avec la fougue qu'on lui connaît, non seulement à la Symphonie n°5 du plus classique des romantiques, Mendelssohn, une œuvre spirituelle, lyrique et profonde tout à la fois, mais aussi et surtout au beau et très connu Concerto pour piano n° 5 (surnommé "l'Empereur") de Beethoven (dont il a par ailleurs enregistré l'intégrale des symphonies).
Pour l'occasion, le maestro grenoblois a demandé au jeune prodige Bertrand Chamayou de se mettre au piano (instrument avec lequel il a décroché un prix "Révélation soliste instrumental de l'année" aux Victoires de la musique classique en 2006 et en 2011). Entre ces deux-là, l'alchimie devrait être totale et emmener le public vers des contrées musicales fantasmagoriques et illuminées.
Pascale Clavel
Emmanuel Krivine & la Chambre Philharmonique
A l'Opéra de Lyon dimanche 30 novembre