Festival French Kiss deuxième mouture à l'Auditorium. Le directeur général Laurent Langlois y tient comme à la prunelle de ses yeux et promet un "festival qui embrasse tout le répertoire de la musique française". Pascale Clavel
Voici un Festival qui décline la musique française de tous les temps, de tous les univers, de tous les styles. Le public risque de ne pas trop savoir où il met les pieds et pour s'y retrouver, quelques pistes sont nécessaires : tout d'abord se concentrer sur un programme dense et décousu puis choisir un peu à l'aveuglette. Par prudence, nous attendrons de voir ce que la deuxième proposition va donner. Cette saison, le concept est simple et peut être vu sous la forme d'un grand patchwork où il faut aller piocher pour que de petits bijoux apparaissent de-ci, de-là. La présence du Requiem de Maurice Duruflé sur le programme suffit à elle seule pour donner envie d'y être. Cette œœuvre contemporaine aux accents grégoriens et aux mélismes envoûtants est une pure merveille d'écriture, un vrai bouleversement pour les oreilles d'une beauté musicale rare. Bernard Tétu à la direction, ses solistes au chant, Vincent Warnier à l'orgue et c'est toute une salle qui pourrait croire en Dieu durant quelques heures. Autour du Requiem de Duruflé, dans cette même soirée, ce sont des œuvres de Fauré, Caplet et Thierry Escaich qui viendront amplifier le discours quasi mystique et d'une beauté esthétique sans nom.
Fouillis de baisers
D'autres moments sont plus ou moins bienvenus : un café-concert Bruel (Bernard, pas Patrick !) chante Brel avec les musiciens de l'Orchestre National de Lyon. Dans une ambiance détendue, Bruel fait revivre les plus belles chansons de Brel. C'est un pari risqué que de s'attaquer à un monstre sacré, une histoire de réinterprétation que l'on souhaite exemplaire. Deux ciné-concerts sont proposés : Prix de beauté, film muet des années 30 d'Augusto Genina avec Louise Brooks, est mis en musique live par l'Orchestre National de Lyon. Quant au second rendez-vous, Pécheurs d'Islande de Jacques de Baroncelli avec Charles Vanel, c'est Thierry Escaich lui-même qui improvise à l'orgue. Le chef Josep Pons dirige quant à lui le Requiem de Fauré. Une œuvre qui attire parce que son écriture paraît simple et belle, où la mort y est douce. Pour ce Festival, des grands noms de la direction ont répondu présents. Myung-Whun Chung et l'Orchestre Philharmonique de Radio France placent la barre très haut et proposent dans la même soirée la Mer de Debussy et le Concerto pour orchestre de Bartok. Quant à l'hypnotique Emmanuel Krivine, il revient dans "sa maison" avec Daphnis et Chloé de Ravel et le magnifique Concerto pour violoncelle de Lalo. Cerise sur ce gâteau : c'est Anne Gastinel qui tiendra le violoncelle.
French Kiss, du 10 janvier au 10 février à l'Auditorium