L'Auditorium de Lyon programme le Concerto pour clarinette de Thierry Escaich, œuvre contemporaine, fraichement écrite par un compositeur hors cadre. De l'émotion en abondance, du spirituel en ligne de fond.Pascale Clavel
Thierry Escaich est une figure incontournable et inclassable de la scène musicale contemporaine dont l'œuvre, savante et charnelle, profonde et joyeuse, tempétueuse et consolante, s'inscrit dans son temps. Le critique musical Gérard Condé a des propos radicaux pour définir son univers : «Sa musique est de celles, assez rares, qui parlent immédiatement. Dès lors, à quoi bon en parler ?». Une fois dit cela, on peut rappeler tout de même que sa musique est défendue à travers le monde par les plus grands solistes, de Bertrand Chamayou à Gautier Capuçon, du Quatuor Ysaÿe aux ensembles vocaux A Sei Voci ou Sequenza. Elle ressemble souvent à un dialogue interne où des voix s'entrechoquent, s'entrelacent, où le tout se mue en polyrythmies complexes et d'une grande virtuosité. A d'autres moments, le vide s'y installe comme un contrepoint urgent.
Le compositeur et le clarinettiste
Thierry Escaich, le compositeur ; Paul Meyer ; le clarinettiste. De cette amitié est né le Concerto pour clarinette, comme l'aboutissement évident d'une collaboration de longue date. Par la suite, la résidence d'Escaich à l'Auditorium de Lyon a permis d'envisager la réalisation de ce projet : «J'ai senti chez Paul Meyer la volonté de porter une de mes œuvres plus que de briller en soliste». Escaich est un amoureux de cet instrument qu'il met souvent en valeur dans ses différentes compositions, en se plaçant toujours dans un héritage. Estimant qu'«il ne faut pas chercher le nouveau pour le nouveau», il puise autant dans les méandres du chant grégorien qu'il s'inspire de l'univers complexe d'un Messiaen ou d'un Franck. Il est probable que ce nous allons entendre lors de son interprétation à l'Auditorium sera de même nature que ses autres œuvres : puissamment bouleversant et porté par une écriture compacte mais inspirée. Autour du concerto, comme un écrin, deux œuvres joyeuses et lumineuses : la très célèbre 6ème symphonie de Beethoven et le bouillonnant Mandarin merveilleux de Bartok. Le jeune chef Alain Altinoglu n'a plus qu'à magnifier le tout.
Symphonie pastorale
à l'Auditorium, jeudi 14 et samedi 16 février