Le traumatisme de la guerre provoque des névroses ; avec plus de "bonheur", il enclenche parfois aussi des créations artistiques. C'est le cas par exemple chez Vladimir Velickovic, né en 1935 à Belgrade et durablement marqué par les horreurs nazies puis par les conflits en ex-Yougoslavie. Le peintre témoigne du désastre dans des toiles puissantes, sombres, montrant des suppliciés ou de sinistres champs de bataille hantés de corbeaux, qu'il présente à la galerie Pallade jusqu'au 6 décembre.
Son aîné, le peintre lyonnais Evaristo (1923-2009), a quant à lui fui la Guerre d'Espagne puis connu la Seconde Guerre mondiale. Ses nombreux visages aux yeux excavés, pareils à des masques travaillés par la mort, semblent crier à travers leur regard et nous attirer vers l'abîme. Très croyant, l'artiste tente aussi dans ses tableaux d'aller «plus loin que la douleur» (titre d'une des œuvres présentées au Musée d'art religieux de Fourvière jusqu'au 5 janvier) et déploie parfois une palette solaire, transcendant fantômes et charniers.
Deux artistes dont l'expressionnisme, certes parfois un peu répétitif, parvient encore à nous saisir et à nous ébranler.
Jean-Emmanuel Denave