Depuis la fin des années 1950, l'artiste d'origine serbe Vladimir Velickovic (né en 1935) peint la guerre, l'horreur, le mal affligé à l'humain par l'humain. Soit de petites ou de grandes toiles représentant des champs de bataille dévastés, des corbeaux ténébreux, des corps suppliciés, crucifiés... Son style expressionniste est proche de celui de Francis Bacon, mais ses obsessions sont différentes : depuis l'occupation nazie de la Yougoslavie jusqu'à aujourd'hui, malgré les avancées (ou à cause ?) des sciences, des éthiques, des processus civilisateurs, un mal indécrottable déchire les psychés et les corps des humains.
C'est cela que peint Velickovic, inlassablement d'œuvre en œuvre, avec un effet stupéfiant sur le regard et les sensations du spectateur, et jusqu'à la nausée, la lassitude, la défaite de l'esprit de résistance. Cet œuvre n'est ni un memento mori, ni un mea culpa, mais sans doute un effort de clairvoyance : la barbarie n'est ni devant ni derrière nous, mais en nous, humains, porteurs d'une part de barbarie (quel que soit son nom : le mal, la pulsion de destruction ou de mort, etc.). Velickovic participe de cet effort que Freud nommait « le travail de culture » et que Nathalie Zaltzman analysait plus avant en 2007 dans son essai incisif, L'esprit du mal.
Velickovic, Danger
À la galerie Anne-Marie et Roland Pallade jusqu'au 12 janvier