La photographe Géraldine Lay présente à Lyon plusieurs années de travail consacrées à capter au Royaume-Uni une certaine qualité de la lumière et des scènes de la vie quotidienne, invitant aux dérives de l'imagination.
« Ma manière de travailler est très libre, instinctive, attentive aux rencontres, aux lumières, j'avance au fil des allées et venues, de mes lectures sur planche-contact, de la juxtaposition des images. Il s'agit là de confronter l'intime au public, l'immobile au flux, d'observer les décors intérieurs et extérieurs et ainsi de poser autrement la question de la fiction. » écrit la photographe Géraldine Lay.
Née en 1972, diplômée de l'Ecole Nationale de la Photographie d'Arles en 1997, vivant toujours en Arles et travaillant dans l'édition, l'artiste expose pour la première fois en solo au Réverbère. Elle y présente des images récentes prises au Royaume-Uni, de 2009 à 2015. « Je suis d'abord allée à Glasgow en 2009 sans attente particulière, confie Géraldine Lay, et ça été un coup de foudre ! J'y suis retourné plusieurs fois et j'ai élargi ensuite mes séjours à d'autres villes ayant connu la crise industrielle : Manchester, Cardiff, Bristol... À ma pratique habituelle de la photographie de rue, j'ai ajouté l'idée de me rendre chez des gens et de les photographier dans leurs intérieurs. » L'accrochage à la galerie mélange les villes, les lieux de prise de vue et invite le visiteur à poursuivre chaque image regardée avec des bribes de fiction.
Lumières du Nord
Chaque image (ou presque) de Géraldine Lay semble en effet s'offrir comme une amorce de fiction, insistant notamment sur ces moments de suspens où des inconnus semblent plongés dans leurs propres pensées, ou saisis dans l'imminence d'un geste à venir, d'une parole à dire, d'un pas à franchir. Ce sont ces Failles ordinaires (titre d'un livre de l'artiste paru chez Actes Sud en 2012) auxquelles est attentive Géraldine Lay. Ces brefs instants, ces attitudes, ces regards intérieurs qui semblent pouvoir s'ouvrir à quelque chose de nouveau et d'un peu inattendu.
Parallèlement, la photographe nous dit avoir été particulièrement sensible aux lumières rasantes du Royaume-Uni, où l'on passe aussi sans transition de l'ombre nuageuse à l'éclat solaire, où les architectures absorbent la lumière et font éclater par contraste les couleurs des vêtements des passants et du mobilier urbain. D'un point de vue formel, on retrouve dans ses images des références à une esthétique cinématographique, à la peinture de Edward Hopper ou encore aux photographies de Philip Garcia di Lorca.
Géraldine Lay, North End
À la galerie Le Réverbère jusqu'au 30 avril