La Fondation Bullukian consacre au jeune peintre Jérémy Liron sa première exposition personnelle à Lyon. Un labyrinthe aux motifs architecturaux où le regard du spectateur se perd et s'aiguise.
Jérémy Liron a chamboulé l'espace d'exposition de la Fondation Bullukian. Une grille, qu'il a forgé lui même, nous barre l'accès à des peintures au loin. Des sculptures massives font obstacle à nos déplacements spontanés. Et la variation incessante de ses formats de tableaux nous oblige à zigzaguer parmi les images, à essayer des distances, à remarquer, aussi, des reflets volontaires sur le plexiglas où notre œil se mire.
L'artiste, ostensiblement, dispose ses toiles et ses volumes pour "indisposer" le regard normé, pour le décaler ou le faire sortir de ses "gonds" et "faisceaux" monotones. Ses motifs, en revanche, évoluent peu depuis ses débuts : des fragments ou des ensembles architecturaux relativement banals, remarqués lors de déambulations urbaines et pris dans un premier temps en photographies. « Le travail, écrit Jérémy Liron, commence à la prise de vue, je l'ai répété souvent, lorsqu'il s'agit de prendre note de ce qui m'a retenu dans l'arrangement particulier de volumes : leurs formes, leurs couleurs, le dessin, comment se déposent la lumière et les figures plus ou moins complexes qui sinuent dans tout ça, quand on décortique ce qui fait image. »
Tâter le matériau
Dans son atelier, ensuite, l'artiste composera à partir de ces photographies des toiles où la peinture reprendra ses droits (coulures, changements de couleurs, réserves de blanc, aplats ajoutés...) et où les éléments premiers (arbres, murs, portiques...) pourront être changés, voire inventés, en fonction de l'équilibre voulu pour l'image.
« Littéralement, je cherche le tableau dans le tableau lui-même, retournant des choses, en repoussant d'autres, en amenant à moi une troisième, au jugé. Tâter le matériau. » L'architecture et notre environnement urbain sont ainsi interrogés concomitamment au questionnement de l'image et de la représentation. Qu'est-ce qui fait image et qu'est-ce qui anime le regard, demande Jérémy Liron. Ses œuvres exposées à la Fondation Bullukian nous donnent quelques éléments passionnants de réponse...
Jérémy Liron, L'infinie distance des choses dans leur temps
À la Fondation Bullukian jusqu'au 26 mars
Repères :
1980 : Naissance à Marseille. L'artiste vit et travaille aujourd'hui à Lyon
2005 : Diplômé de l'École Nationale des Beaux-Arts de Paris, où il rencontre les écrivains Pierre Bergounioux et François Bon. Parallèlement à ses recherches plastiques, Jérémy Liron mène un travail littéraire
2007 : Agrégation en arts plastiques
2012 : L'inquiétude, exposition personnelle à la galerie Isabelle Gounod à Paris qui représente l'artiste
2014 : Publication du récit La mer, en contrebas, tape contre la digue aux éditions La Nerthe / Éclats
2015 : Publie Autoportrait en visiteur aux éditions L'Atelier contemporain, ensemble de notes d'atelier, de chroniques et de critiques d'expositions
2016 : L'infinie distance des choses à la Fondation Bullukian. Première exposition personnelle de l'artiste à Lyon.