de Alejandro Fernández Almendras (Chil, 1h35) avec Agustín Silva, Paulina García, Alejandro Goic...
La jeunesse dorée chilienne contemporaine, oisive et insouciante : son entre-soi, ses soirées où l'alcool coule à flots... Une voiture chargée de ces fêtards éméchés renverse un piéton et aussitôt le groupe décide de faire porter le chapeau à un nouveau-venu, Vicente — un “modeste” fils d'avocat d'affaires face au conducteur, fils de sénateur. Le fusible idéal, en somme...
D'un fait divers choquant (si peu surprenant, hélas) survenu en 2003, Alejandro Fernández Almendras a tiré un film épidermique — tourné paraît-il en neuf jours, sans que l'urgence ne soit perceptible et n'en vienne chahuter l'esthétique globale. Rendant compte du désœuvrement abyssal d'une génération, de son manque d'affect et d'empathie (Vicente poursuit, imperturbable, son existence dilettante pendant que se joue son destin et surtout pendant qu'une famille dont il se moque totalement est en deuil), Tout va bien témoigne du cynisme insondable de leurs aînés.
Ces oligarques ne valent pas mieux que les barons du régime Pinochet qu'ils ont remplacés : ils infléchissent à leur convenance les règles et la vérité officielle — voir la stupéfiante séquence devant le juge d'instruction et le finale au tribunal — et violent conjointement la justice, la démocratie et la morale. Un émétique plus puissant qu'une gueule de bois.