Résister aujourd'hui
Si la mission première du CHRD est de rendre vivace la mémoire de la Seconde Guerre mondiale, le lieu s'est attaché depuis vingt ans à nous ouvrir les yeux sur les résistances et les conflits plus récents dans des expositions temporaires très fortes. La preuve en trois souvenirs, avant qu'en octobre prochain ne soit présentée une exposition sur la mode pendant l'Occupation, ou comment s'habiller en temps de guerre.
Chili, une mémoire en route (2002)
Quand le CHRD se penche sur le Chili de Pinochet, il défriche un pays qui s'est jusqu'alors obstiné à tout oublier. Pinochet est encore vivant et c'est le travail photographique de Patrick Zachmann qui permet de révéler ce pays mortifère qui cache ses blessures. Un cimetière de croix en bois surgit comme un mirage, des graffitis de militaires, des déserts, des traces effacées et des lieux de désolation ont fait place aux lieux de tortures ou d'exécution, une ancienne prison est devenue un hôtel... Autant de signes expliquant comment, loin de l'Europe, l'Amérique du sud tente de faire son deuil.
Prisonniers de guerre (2008)
Des matricules, des jouets fabriqués par un soldat pour son enfant, des portraits colorés peints (que l'on peut voir actuellement dans le parcours permanent), voici quelques unes des traces laissées par les 1 600 000 soldats français réquisitionnés par le Reich en territoire allemand. Une manière pour le CHRD de renforcer avec acuité sa légitimité sur cette thématique étendard.
Voyages pendulaires, des Roms au cœur de l'Europe (2010)
Le photoreporter Bruno Amsellem suit la famille de Tarzan, dont la pétillante Izabela Covaci, trois ans, qui irradie cette exposition s'intéressant au sort des migrants Roms - lesquels ne sont pas nomades pour autant. Au moment même où cette population ballotée de part et d'autre incarnait le repoussoir par excellence d'une France toujours plus frileuse, le CHRD leur offrait une dignité.