URDLA / L'artiste lyonnais Mengzhi Zheng signe à l'URDLA une exposition touchante, proposant au visiteur de relire et de redessiner l'espace à sa guise, entre rêve et réalité, imaginaire et perceptions, plis et déplis...
À propos de ses petites Maquettes abandonnées faites de bric et de broc (carton, papiers de couleurs, bouts de bois...), Mengzhi Zheng (né en Chine en 1983 et vivant en France depuis l'âge de sept ans) nous dit avoir effectué des « dessins dans l'espace, réalisés assez rapidement comme une sorte d'écriture automatique. » Dessiner dans l'espace, l'expression doit être prise au sérieux ici, et non comme une simple coquetterie pour désigner des sculptures ou des volumes d'apparence architecturale.
Ces maquettes ont en effet quelque chose de la fragilité du dessin, de la liberté de l'esquisse, du processus toujours virtuellement ouvert de la ligne... Et, surtout, on ne passe pas ici à proprement parler du plat au volume, de la deuxième à la troisième dimension, mais on "demeure" dans le passage justement, dans l'entre-deux et sa richesse de potentiel. L'artiste tente ainsi de « traduire des mobilités, des limites entre le fragile et le solide, le mal fait et le bien fait, le plein et le vide, la construction et l'habitat dénué de fonction... »
L'espace du rêve
Ouvrir des passages, créer des écarts, troubler l'espace cartésien, plier le dehors avec le dedans : tels sont les enjeux des petites maquettes de l'artiste, et, plus encore, de l'ensemble de l'exposition à l'URDLA. L'espace du centre d'art a lui-même été pensé et "plié" comme une grande feuille de papier, proposant au visiteur un parcours « sans début ni fin », où il peut non seulement découvrir de nombreuses Maquettes abandonnées accrochées aux cimaises, mais aussi entrer concrètement dans la grande structure de bois de Pli / Dépli (une sorte d'habitat imaginaire à l'échelle 1, réduit à ses arêtes), passer de l'expérimentation physique à la contemplation plus mentale de linogravures ou d'un autre Pli / Dépli à une échelle réduite...
« L'espace est ici manipulable, et le visiteur est comme la pointe d'un crayon dessinant sur la feuille de l'exposition » indique poétiquement Mengzhi Zheng. « Une ligne pour le plaisir d'être ligne, d'aller ligne. Points. Poudre de points. Une ligne rêve. On n'avait jusque-là jamais laissé rêver une ligne » écrivait Henri Michaux à propos de Paul Klee. Mengzhi Zheng laisse aussi rêver les plans, les couleurs, les vides, et le corps-psyché-crayon du visiteur.
Mengzhi Zheng, Labitat
À l'URDLA jusqu'au 28 janvier