Une plage, un hangar, un pré, un terrain vague... La Compagnie Marius fait théâtre de tout lieu pourvu que ce ne soit pas... un théâtre. Ces Flamands qui ont adopté ce mode en 2006, après avoir été refusés dans un théâtre d'Anvers, se baladent désormais avec un gradin en bois et fondent leur travail sur le texte et le jeu. Tant pis pour les prouesses techniques qui « provoquent une admiration du public mais ne répondent pas au besoin d'une sorte d'humanité », comme le dit Waas Gramser, l'une des fondatrices.
C'est aussi pour répondre à cette nécessité d'atteindre la sensibilité des spectateurs que les Marius épluchent l'œuvre de Pagnol. À Fourvière, ils ont présenté Manon des Sources et Jean de Florette puis la trilogie Marius, Fanny et César. En attendant d'adapter L'Ami commun de Dickens (création en juillet), ils reviennent pour un dernier tour de garrigue avec Le Schpountz qu'ils ont défriché en 2012.
57 tableaux et 34 personnages : rien n'effraie ces comédiens qui changent de rôle à vue avec trois artifices, interagissent parfois avec le public, sans tomber dans une gaudriole trop facile. Les Belges ont à cœur de raconter une histoire simplement avec un savoir faire d'acteurs indéniable – ils sont passés par la troupe déglinguée qui manie l'absurde à merveille, les Tg STAN.
Avec ce film de Pagnol, ils réhabilitent la figure du fada, un homme qui se rêve vedette mais qui est moqué par son entourage, l'occasion de regarder en face le milieu du cinéma, déjà un miroir aux alouettes dans les années 30 !
Le Schpountz
À l'Odéon des Nuits de Fourvière les samedi 17 et dimanche 18 juin