Vidéo / Lola Gonzalez présente son nouveau court-métrage, fruit d'une courte résidence au Musée d'Art Contemporain.. L'idée du collectif y prend littéralement l'eau, mais parvient, vaille que vaille, à surnager.
Étonnant succès d'une artiste a priori discrète, formée à Lyon, et dont les œuvres n'ont rien de flamboyant. Depuis, au moins, la Biennale d'Art Contemporain de 2015, Lola Gonzalez empile : presse nationale, expositions et résidences internationales, et galerie parisienne prestigieuse ! Ses vidéos présentées à la Biennale oscillaient entre composition précise et apparente improvisation, recherche collective d'un possible avenir commun et déambulation désabusées ou festives de jeunes trentenaires à la campagne.
Les films n'ont aucune qualité esthétique particulière (voire restent un peu bancals), mais nous y captons immédiatement un "air du temps", des questions et des angoisses sourdes (d'une génération donnée, mais pas seulement), la mise en scène d'une communauté autant en déshérence qu'en quête de nouveaux fondements.
« Depuis sept ou huit ans, confie l'artiste, je travaille avec un groupe d'amis. Nous nous réunissons trois ou quatre fois par an dans une maison en Charente pour réaliser un film sur la question du collectif. Tous mes films sont en lien les uns avec les autres. »
Les clochards aqueux
« Nous devons décider de – et comment – être en commun, comment permettre à notre existence d'exister. Ce n'est pas seulement à chaque fois une décision politique, c'est une décision au sujet du politique : si et comment nous permettons à notre altérité d'exister ensemble, de s'inscrire comme communauté et histoire »
écrivait le philosophe Jean-Luc Nancy à la fin de La Communauté désoeuvrée en 1986.
Soit l'année de naissance, ou presque, de la génération de Lola Gonzalez, bombardée psychiquement par les valeurs contemporaines de l'autonomie, du projet individuel, de l'épanouissement narcissique, le tout avec la gueule de bois des grands récits utopistes... Les personnages qu'elle filme n'ont, du coup, ni mot d'ordre ni idée précise, ils errent-expérimentent parmi les décombres éparses du rite païen, du romantisme folk, de la fête bon enfant...
En résidence récemment au Musée d'Art Contemporain, l'artiste s'est, pour la première fois, projetée en milieu urbain et y a conçu (toujours avec beaucoup de préparation en amont) Les courants vagabonds, entre fontaines des places lyonnaises et réserves d'eau souterraines. Sur fond d'ambiance zombie et d'eau contaminée, le film erre (et se cherche) parmi les thèmes de la mémoire, de l'éternelle jeunesse amnésique, de l'espace public anesthésié...
Lola Gonzalez, Les courants vagabonds
Au Musée d'art contemporain jusqu'au 9 juillet