Animation / de Nick Park (Fr, 1h29) avec les voix (v.o./v.f.) de Eddie Redmayne/Pierre Niney, Maisie Williams/Kaycie Chase, Tom Hiddleston...
La tenue de la Coupe du Monde en juin prochain est un prétexte commode pour nous faire manger du ballon rond à toutes les sauces : en salade russe en l'honneur du pays hôte, à la française (en hommage aux vingt ans de la victoire de 1998), et même en pâte à modeler dans Cro Man grâce aux Studios Aardman — jadis mieux inspirés.
A priori, rien ne laisse supposer qu'un film se déroulant à l'âge du bronze se raccroche ainsi à la grand-messe footballistique. Elle en est pourtant l'alpha et l'omega, puisque Nick Park y “dévoile” les origines accidentelles du jeu, en attribuant son invention à des hommes des cavernes pré-mancuniens. Et il montre comment leurs héritiers, menés par Doug, doivent affronter l'équipe de l'âge de Bronze dirigée par le cupide Lord Nooth, afin de conserver leur vallée.
Même si les productions Aardman, référence dans le domaine du stop-motion, restent d'une constante qualité technique, Cro Man se révèle une petite déception, à l'instar de Les Pirates ! Bons à rien, mauvais en tout (2012) — avec lequel il partage l'apparition d'une regina ex machina pour muscler son dénouement.
Scénario rudimentaire, rebondissements paresseux et dialogue sans intérêt ne font que confirmer que le studio n'est jamais aussi bon que lorsqu'il s'agit de faire évoluer des personnages muets — Gromit et Shaun le Mouton ne diront justement pas le contraire. Ici, ce sont sans surprise Crochon (sorte de porc domestique à dents de sabre) et le canardosaure qui sont à la fois les plus expressifs et les plus drôles. De toute façon, comme le dit Lineker, à la fin, c'est toujours l'Allemagne qui gagne.