Entretien / Déjà quinze ans que la première pierre du vaste chantier Confluence a été déposée. Les Archives Municipales de Lyon et la SPL Lyon Confluence consacrent, à partir du 18 avril jusqu'au 20 octobre une exposition sur la transformation du quartier, avec une programmation culturelle dense. Autre temps fort pour le service municipal, la réédition du plan scénographique de Lyon d'ici la fin de l'année. Nous avons rencontré le directeur des archives municipales de Lyon, Louis Faivre d'Arcier.
D'où est née l'idée de cette exposition ?
Louis Faivre d'Arcier : Nous avons décidé de réaliser cette exposition pour plusieurs raisons ; la première, c'est le fait que les Archives y soit installées, on ne peut pas se désintéresser de ce qui se passe autour de nous. Nous sommes la première installation dans la mise en place de Confluence. La deuxième raison, c'est que notre service s'intéresse à la fois aux archives qui concernent la population (l'état civil...) et aussi à ce qui concerne la ville et l'environnement. À partir de cette année, nous lançons un cycle d'expositions où nous parlerons d'urbanisme et d'architecture. Il y avait pour nous une certaine logique à commencer ce cycle par la Confluence.
Cette exposition représente pour notre service, et notre coopération avec la SPL, près d'un an de travail. Le premier temps fut celui de la réflexion et de la maturation du projet et le second celui de la fabrication du chantier.
Comment reliez-vous cette exposition à l'Histoire et aux mouvements du quartier ? Est-ce uniquement un bilan du projet politique de Confluence ou est-ce que cela s'inscrit dans un regard plus ample ?
On avait déjà fait une expo sur le temps long du quartier, là il s'agit vraiment d'un focus sur les quinze dernières années et de mettre en avant la modification très profonde du rôle de ce quartier dans la ville.
Quel est l'objectif de ce focus sur la cité Mignot ? Interroger le changement sociologique et le phénomène de gentrification ?
On veut effectivement mettre en perspective cette cité dans l'exposition. Au moment où le logement social se développe, le quartier est déjà pionnier car la cité Mignot est la première HBM de Lyon. Une analyse sociologique est actuellement en cours et le photographe Philippe Schuller exposera les portraits qu'il a réalisé des habitants.
Quelle est l'histoire du fameux "plan scénographique" ?
Nous possédons un "plan scénographique" de Lyon dont le mystère reste entier, c'est le plus vieux plan complet de Lyon. On ne connaît pas l'auteur et on ne sait pas non plus pour qui il a été fait. On a juste quelques allusions qui nous laissent penser qu'on est sous le règne de François 1er et qu'il serait vraisemblablement réalisé en 1544.
On l'appelle "scénographique" car il met en scène la ville, avec ses collines, des monuments hors-échelles, magnifiés, ainsi que des scènes de vie du quotidien, pleines d'anecdotes. Nous allons en rééditer un fac-similé pour le mettre à disposition du public en vente ou en accès sur numérique, à partir de décembre. Si nous le rééditons aujourd'hui, c'est surtout parce que le périmètre de Lyon classé au patrimoine mondial de l'UNESCO est exactement le même que celui de ce plan.
Confluence, bientôt au Patrimoine Mondial de l'Unesco ?
C'est une question complexe que de savoir quel sera le patrimoine architectural de demain... car une architecture considérée aujourd'hui comme très intéressante peut être dépréciée par la génération suivante, pour être enfin réhabilitée par la génération d'après.
Après cette exposition, quelles seront sont vos prochaines réalisations ?
L'année prochaine, nous travaillerons autour de l'anniversaire des 150 ans de la naissance de Tony Garnier. Plus récemment, nous avons travaillé également, en lien avec le service archéologique de la ville, sur la réalisation d'un film sur l'Hôtel Dieu.
Quelle forme prend votre coopération avec le service archéologique ?
Nous travaillons en lien avec eux sur plusieurs sujets, notamment auprès des écoles, nous avons des offres pédagogiques coordonnées. Beaucoup d'archéologues viennent chez nous, pour rassembler de la documentation avant une fouille.
Et enfin, je pense que nous allons être amenés à travailler ensemble, en 2020, sur l'académie des lettres et arts de Lyon du XVIIIe siècle car il y aura vraisemblablement un volet autour de l'Histoire de l'archéologie.
Archives Municipales de Lyon
Exposition sur le quartier Confluence du 18 avril à 18h30 jusqu'au 20 octobre