Bande dessinée / Avec la série Réfugiés d'Arte Reportage et à travers les témoignages d'une quarantaine d'auteurs et autrices de bande dessinée sur les grandes crises migratoires, l'exposition explore la manière dont le 9e art se fait porte-voix et miroir d'une époque.
2016 : la série multimédia d'Arte Reportage s'achève à Calais et Grande-Synthe. Le projet : envoyer des groupes d'artistes (cinéaste, photographe, écrivain et illustrateur) raconter les camps de réfugiés et ramener leur vision, différente de celle d'un journaliste, forcément décalée par rapport au prisme ordinaire de l'information. Cinq terres d'exil ont été abordées : Beldangi au Népal, Kawergosk en Irak, Burj el-Barajneh au Liban, Breidjing au Tchad ainsi que Calais et Grande-Synthe en France. Résultat : cinq documentaires, un livre, et un site Internet qui regroupe et présente tous les travaux.
2018 : la “jungle” de Calais est démantelée, un nouveau chapitre s'écrit, le Lyon BD Festival s'associe à Arte et envoie une nouvelle équipe. Dont la dessinatrice Lucie Castel qui réalise la bande-dessinée Nurah.
La première partie de l'exposition présente en détail le projet d'Arte Reportage, tandis que la deuxième explore la façon dont les auteurs de bande dessinée ont traité le sujet des migrations, à partir des années 1960 et surtout sur le temps contemporain. « La première apparition positive et incontournable d'un peuple considéré comme étranger, réfugié ou migrant (le vocabulaire évolue avec les époques) est celle des Romanichelles dans Tintin et les Bijoux de la Castafiore. Tout le monde est méfiant de ces personnages mais l'album montre qu'ils sont innocents, déconstruisant au passage les clichés. » explique Vincent Raymond, commissaire de l'exposition (et également journaliste au sein du Petit Bulletin).
« À partir des années 2000, surviennent des accidents de l'Histoire importants, comme le World Trade Center et les techniques décuplées de l'information amènent l'ère du village global. C'est l'avènement des blogs, l'ère du “tous journalistes”, l'explosion des récits de parcours. C'est aussi le développement de la BD documentaire, par de grands dessinateurs et journalistes, avec la naissance de revues telles que La Revue Dessinée. On observe aussi un éventail de traitements, parfois dramatiques, parfois plus anecdotiques. Par exemple, on trouve dans Maus des correspondances historiques effrayantes ; un ton plus léger dans Persepolis quand par exemple la jeune Iranienne découvre les supermarchés occidentaux » poursuit-il.
Une exposition foisonnante et essentielle à découvrir absolument, ponctuée d'une rencontre avec Lisa Mandel, Lucie Castel, Edmond Baudoin et Philippe Brachet le dimanche 10 juin à midi.
Réfugiés
du 5 au 10 juin à la Galerie des Terreaux
Dans le cadre de Lyon BD Festival