Taverne Gutenberg : fric-frac à la Guillotière

Taverne Gutenberg : fric-frac à la Guillotière

Spots en mouvement / La Taverne Gutenberg, en tant que lieu, c'est fini. Mais elle existe toujours en tant que structure, ailleurs. Et dans ses (anciens) murs, voici venir Le Cartel. Vous n'avez pas tout compris ? On va vous expliquer.

La Taverne Gutenberg, c'était un immeuble de la Guillotière, bâti au 5 rue de l'Épée, qui en quelques mois s'était fait un nom chez tout ce que la ville compte d'aficionados de culture et de fête qui tranchent dans le vif. Inauguré dans sa forme pérenne le 10 mars 2016 après quelques mois en mode "occupation temporaire", le lieu était porté initialement par la graphiste Maïa D'aboville et le peintre Henri Lamy, en couple à la ville. Ce dernier étant un habitué des squatts artistiques : il avait été quelques années plus tôt à Paris artiste résident du célèbre 59 Rivoli. L'immeuble, lui, appartient au père d'Henri Lamy - on est donc loin du squatt, cette fois : à l'époque de l'ouverture, ce dernier (prénommé Philippe et lui-même ancien artiste) nous déclarait : « Je voulais me réinvestir dans le milieu artistique, et je voulais fixer un peu mon fils, qui parcourt le monde grâce au succès de ses expositions, pour le voir plus souvent ».

Succès ! Ateliers d'artiste et fresque de Birdy Kids, riche connexion avec la vie de quartier (la mosquée est adjacente) et expositions (celle de Ememem a marqué les esprits), lancement du festival Intérieur Queer, inauguration du bar au rez-de-chaussée... Très vite, la Taverne Gutenberg, et son équipe qui s'enrichit de quelques têtes dont les très actifs Mathilde Corbet, Guillaume Sénéchal et Romain Weber se font une place de choix parmi les acteurs de la cité, s'attirant les louanges aussi bien de la Ville et de son adjoint à la Culture Loïc Graber, du président de la Métropole David Kimelfeld qui les convie à intervenir lors d'une journée de travail autour de la culture ou encore de la Région qui via Florence Verney-Carron soutient activement et pécuniairement ce projet qui sort des clous habituels et fouette les esprits. Un peu trop, peut-être, puisque lors des dernières vacances de Noël, un message énigmatique fleurit sur Facebook : le 5 rue de l'Épée est désormais investit par Le Cartel et une nouvelle équipe.

Les Halles du Faubourg jusqu'en 2020

Késako ? Entre-temps, la team de la Taverne Gutenberg a initié le projet Halles du Faubourg, comme nous vous le révélions le 5 juin dernier. Nouveau coup de maître : l'occupation éphémère de friches dans la métropole pour des projets solidaires et culturels est en train de devenir le nouvel idéal des politiques locaux, qui avaient un train de retard sur le sujet et mettent les bouchées doubles pour recoller au peloton. Aux Halles du Faubourg, dans le 7e arrondissement, entre l'exposition Nouveaux Sauvages et quelques fêtes bien senties, le rendez-vous des sciences humaines À l'école de l'anthropocène mené par François Pirola et l'installation des studios de Radio Bellevue, le lieu prend vite, encore, une place prépondérante. L'aventure devait prendre fin ce mois-ci, mais l'association Taverne Gutenberg a annoncé la semaine dernière avoir trouvé un accord avec les propriétaires et signé pour deux ans d'occupation supplémentaire, jusqu'en août 2020, avant destruction définitive des murs. Prochain rendez-vous le 29 mars : le vernissage d'une exposition du collectif Mauvaise Foi. Le nouveau projet va se dévoiler prochainement, signalons qu'une cour de 3000m2 pourra aussi être exploitée...

Reste que des motifs de divergence sont entre-temps apparus du côté de Philippe Lamy et des autres occupants du 5 rue de l'Épée, au sujet de l'exploitation du lieu. Et que l'association Taverne Gutenberg ne reviendra donc pas dans les murs qui l'ont vu naître. Là-bas, à Guillotière, ce sont les deux filles du propriétaire, Jeanne et Marie, qui ont repris les rênes du lieu renommé Le Cartel, en compagnie de Julien Mathon, déjà apparu dans les radars en 2017 lorsqu'il a repris le Croiseur en compagnie de Romain Blachier. Moins d'underground, plus de yoga : le concept est redéfini et perd sans doute en âme ce qu'il gagne en viabilité financière. Le co-working, les ateliers bien-être et les mètres de shooters côtoient désormais les performances artistiques toujours présentes. À suivre.

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