Covid-19 / La commission permanente de la Métropole de Lyon a voté ce lundi 14 septembre une subvention exceptionnelle de 200 000€ pour garantir la tenue d'un Festival Lumière fragilisé par la crise sanitaire.
Cédric Van Styvendael, tout nouveau vice-président à la Culture de la Métropole de Lyon — et maire de Villeurbanne — l'annonçait dans nos colonnes en juillet : c'est une année compliquée pour le Festival Lumière et Thierry Frémaux, son directeur, n'avait alors pas réuni la totalité des fonds nécessaires à l'organisation du festival dans sa forme habituelle, suite au désistement de mécènes durant la crise sanitaire. Ce petit coup de pression d'une nouvelle équipe tout juste élue n'était pas passé inaperçu, d'autant que celui qui est présenté comme le "monsieur cinéma" de Lyon n'avait alors rencontré ni Cédric Van Styvendael, ni Bruno Bernard, le nouveau président étiquetté EELV. Contacté immédiatement, ce fin politique qu'est le délégué général du Festival de Cannes n'avait pas souhaité réagir aux propos du vice-président.
Toujours en campagne
Comme dans le cas des propos du maire de Lyon Grégory Doucet dans les colonnes du Progrès au sujet du Tour de France la semaine dernière, il s'agissait aussi de déclarations publiques fragilisant de fait la position des organisateurs d'événements — déjà en difficulté en cette période —, qu'ils soient sportifs ou culturels, dans leur recherche de sponsors et partenaires privés et montrait que nos nouveaux élus n'ont pas encore en main toutes les clés pour établir une relation de confiance avec celles et ceux qui œuvrent pour proposer une offre de culture ou de divertissement aux Lyonnaises et Lyonnais : habituellement, un ou une élue est en position de force et négocie d'abord dans l'intimité d'un bureau avec l'organisateur les conditions de son aide financière, de manière à échanger et connaître les contraintes de son interlocuteur, avant de faire de grandes déclarations publiques plutôt réservées aux candidats en campagne électorale.
Une bouffée d'oxygène
Thierry Frémaux a finalement pu prendre rendez-vous avec Bruno Bernard le jeudi 27 août à 12h30 et échanger avec le vice-président durant l'été. Il se murmure en coulisses que Bruno Bernard n'était initialement pas pleinement convaincu par l'idée d'apporter une aide substantielle à ce festival et que son vice-président a dû mener une première bataille pour gagner cet arbitrage, avec succès puisque la commission permanente de la Métropole de Lyon, réunie pour la première fois ce lundi, a voté une subvention de fonctionnement exceptionnelle de 200 000€ pour que la 12e édition du Festival Lumière puisse se tenir, comme l'indique le communiqué : « cette aide vient compléter les subventions attribuées par le Grand Lyon, premier financeur du Festival Lumière, et vient pallier au désengagement de plusieurs de ses mécènes privés, dans le contexte de crise sanitaire actuel. » La subvention versée par la Métropole au Festival Lumière était en 2018 et 2019 d'un montant de 1 040 881€. Pour l'Institut Lumière, elle était ces mêmes années de 173 242€.
Côté Métropole, il s'agit-là de la toute première action visible en direction de la culture, jusqu'ici absente des débats. Pour le Festival Lumière, c'est une bouffée d'oxygène bienvenue qui devrait être complétée par le fonds d'urgence de la Ville prochainement, en espérant que tout ceci ne soit pas inutile pour cause d'aggravation de la crise sanitaire ces derniers jours, qui déclenche des inquiétudes sur l'organisation de l'événément — à Bordeaux ou Marseille, de nouvelles mesures ont été prises par les mairies et préfectures qui pourraient, si elles étaient reprises à Lyon dans les prochains jours, resserrer l'étau autour du grand festival de cinéma de patrimoine. Ce n'est pas encore d'actualité, l'espoir reste donc de mise : il serait triste de ne pouvoir honorer les frères Dardenne et accueillir Oliver Stone comme il se doit.