Théâtre Documentaire / Aux Célestins, avec Je m'en vais mais l'État demeure, Hugues Duchêne et Royal Velours décryptent en cinq volets distincts le quinquennat Macron.
En 2017, avec Le Roi sur couleur, l'équipe de Royal Velours pas même trentenaire et formée à l'Académie de la Comédie-Française, faisait de bisbilles d'entre-soi (la non-reconduction d'Olivier Py à la tête du Théâtre de l'Odéon) une saga rapide et désopilante sur les enjeux du pouvoir à l'ère sarkozyste.
Voici que le metteur en scène et comédien Hugues Duchêne analyse le quinquennat Macron, dans Je m'en vais mais l'État demeure, a raison de cinq spectacles d'une heure comme autant d'années écoulées, déclinées sur le versant électoral, judiciaire, parlementaire, médiatique et diplomatique. Ce théâtre documentaire réalisé à l'économie (juste quelques accessoires, notamment des indications de temps et de lieu) est assez jubilatoire tant il est rapide, malin, bâti sur ce qu'on a traversé communément, à plus ou moins grande distance : le procès Merah, celui du militant antifa Antonin Bernanos, le mouvement des Gilets jaunes...
En s'appuyant à la fois sur des ouvrages (La France périphérique : comment on a sacrifié les classes populaires du géographe Christophe Guilluy) et des chansons du moment (Juliette Armanet...), la troupe séduit par sa rigueur — mais laisse poindre dans cette tchatche que les propos s'étouffent les uns les autres, que « la matière à faire une bonne scène » comme le confiait Hugues Duchêne sur France Info lors du festival d'Avignon Off 2018, ne soit décisive sur le reste. Et que la gravité de l'actualité soit simplement « une jolie tragédie contemporaine ». Réponse sur le long court d'une fresque dont nous n'avons vu que les deux premiers volets.
Je m'en vais mais l'État demeure
Aux Célestins du lundi 24 au samedi 29 mai