Festival / Un des jeunes metteurs en scène de théâtre les plus passionnants du moment, Hugues Duchêne, est invité par autre très doué, Hugo Roux : ça se passe au Festival de Malaz, à Annecy.
« Construire un espace de parole pour le théâtre émergent ». C'est le vœu que réalise depuis 2017 et trois éditions le jeune metteur en scène haut-savoyard Hugo Roux. Lui-même est apparu très jeune sur le plateau. À Lyon, les Clochards Célestes l'ont programmé dès ses vingt ans avec L'Éveil du printemps puis cette saison avec une adaptation d'Annie Ernaud extrêmement juste, La Place.
Cet été il créera dans un lieu repéré du Off, au 11, Leurs enfants après eux d'après le prix Goncourt 2018 de Nicolas Mathieu. Dans le parc de la maison de Malaz, à Annecy, sa compagnie Demain dès L'aube présente un spectacle créé avec des résidents d'Ehpad, un autre avec les lycéens de la ville rendant ainsi compte de son action culturelle de l'année et permettant de faire de la place à d'autres artistes que lui.
En l'occurrence à Magali Bonat, seule en scène dans l'adaptation du puissant récit de Florence Aubenas, Le Quai de Ouistreham, mis en scène par Louise Vignaud. Et surtout ce sera l'occasion de voir l'intégralité d'une saga tout juste close, celle de Hugues Duchêne, Je m'en vais mais l'État demeure. Ce sont six épisodes d'une heure, désopilants, violents aussi par les sujets soulevés (le procès Merah, les Gilets jaunes...). Une œuvre nécessaire et extrêmement agile : avec juste quelques accessoires, la compagnie du Royal Velours retrace les années du premier quinquennat Macron.
Exécutive
Chapitré par les termes "électoral, judiciaire, parlementaire, médiatique, diplomatique", ce travail est profondément documenté. Et depuis ce printemps, est arrivé l'ultime partie dite "exécutive". Elle est la résultante d'une infiltration de l'acteur-auteur-metteur, en tant que photographe, dans l'équipe de campagne d'Éric Zemmour... Polémique ? Tout récemment il confiait au quotidien Libération : « il aurait assurément été préférable, au moins pour ménager le confort du milieu culturel, de décrire les militants que j'ai rencontrés comme des débiles profonds, ou de simples connards, or ce serait mentir. Mon objectif n'est pas de changer le monde, mais de chercher à comprendre l'époque en en disséquant les composantes. Aujourd'hui, un projet artistique en résulte et il appartient à quiconque le découvrira de juger si le jeu en valait la chandelle ».
Et c'est peu dire qu'au vu des cinq manches précédentes (oui c'est aussi un sport de combat que cette aventure-là), ce final donne de l'appétit. À découvrir avant le concert électro-rap de Plür & Le Tey au soir du 2 juillet.
Festival de Malaz
À Annecy (Haute-Savoie) du mardi 28 juin au samedi 2 juillet