Menuiserie / Faire fabriquer du mobilier stylé à des jeunes éloignés de l'emploi, à partir de chutes de bois inexploitables. En échange de leur travail, ces menuisiers en herbe bénéficient de subventions pour financer la formation de leur choix. Telle est la mission de La Ligne Vertuose depuis 2018.
C'est l'histoire d'un designer, d'un menuisier, et d'un consultant en transformation des organisations qui ont fusionné leurs savoirs-faire pour les ériger en un projet à vocation sociale et sociétale. À l'occasion d'une visite des Ateliers Garnier de son ami Thierry Rueda, Guillaume Bourdon, le designer, s'est interrogé sur l'utilisation des chutes de panneaux de bois, qui représentent 25% de pertes de matériaux sur les chantiers. L'idée de réutiliser cette matière pour lui donner une seconde vie émerge alors. Laurent Pillot, consultant chez Ergon'Homme et son associé Guillaume Bourdon développent une gamme complète de mobilier contemporain conçue à partir de ces chutes : table, luminaire, bureaux, étagères...
Si le cœur de métier de La Ligne Vertuose reste la menuiserie à travers l'upcycling, son rôle repose avant tout sur sa dimension humaine et sociale. Le but de l'association est de proposer à des profils éloignés de l'emploi mais animés par un projet professionnel de les aider à financer la formation de leur souhait. Tous travaillent le bois dans les ateliers Garnier à Beynost, aux côtés de menuisiers professionnels qui les guident dans leurs fonctions et les maintiennent dans la réalité de la vie active. L'entreprise les rémunère en tant que stagiaires, en prenant en charge le coût de leur projet. « À l'issue de ces stages, certains continuent en menuiserie — Jessica Vaz, notre actuelle formatrice était une ancienne bénéficiaire —, d'autres trouvent des formations dans un domaine complètement différent » explique Chloé Matisse, responsable développement.
Depuis trois ans, une quarantaine de personnes a accédé à une formation, et l'équipe ne cesse de se développer. « L'association se développe bien. On a sans arrêt de nouvelles recrues. Nous fonctionnons avec des bénévoles, et l'équipe comporte deux salariés, une personne en alternance et une en service civique ! Nous sommes aussi en lien avec des incubateurs, comme Ronalpia et des associations comme le Prado qui accompagne des jeunes et adultes rencontrant des difficultés. »
Rentabilité et performance ne sont pas des gros mots
La dimension écologique combinée à l'aspect militant pour la réinsertion des jeunes en difficulté, ainsi qu'à l'engagement pour une dynamisation économique locale, font de l'association une structure de l'Économie Sociale et Solidaire à part entière. « La Ligne Vertuose est née d'une initiative d'entrepreneurs de la région Auvergne-Rhône-Alpes, pour booster l'économie locale, en faisant cohabiter des ambitions sociales, écologiques et économiques. Rentabilité et performance ne sont pas des gros mots. Nous sommes convaincus qu'il est possible et même urgent d'écrire performances au pluriel, en réconciliant économie, écologie et social ! »
La Ligne Vertuose propose une gamme de meubles à destination des professionnels (80% des ventes) et des particuliers. Pour chaque meuble vendu, 25% du prix de vente sont attribués au stagiaire. Une table haute composée de 25, 5 kg de matières réutilisées se vend 877€ l'unité, dont 175 € sont reversés pour la formation du jeune qui réalise la table. Comptez 57€ pour une étagère sur mesure.
L'objectif est de pouvoir dupliquer le concept partout en France, avec d'autres acteurs locaux. « Si le modèle se développe en Rhône-Alpes autour du bois, il pourrait être dupliqué ailleurs, avec d'autres matériaux. Les modèles de meubles créés sont libres de droits. Un parti-pris d'open source qui permet aujourd'hui à tout atelier de menuiserie de reproduire le projet, en montant un partenariat avec des associations d'insertion locales. »
La Ligne Vertuose
Atelier d'agencement Garnier à Beynost