Coffee shop / Chez Mill Factory, nouveau coffee shop du 5e, l'on trouve café et kombucha mais aussi des pâtisseries sublimes signées Marine Dupuy.
Belle odeur que celle du figuier frappé par le soleil. Évocation estivale, dont on peut profiter à Lyon. Par exemple sur un banc du jardin du Rosaire, celui qui drappe la colline de Fourvière. Un jour, pourquoi pas cueillir quelques feuilles pour préparer une glace : il suffit d'en infuser le lait, c'est simplissime et gratuit. Sinon, dans un coffee shop situé de l'autre côté de la colline on goûtera un kombucha, aromatisé de la même manière. Plutôt qu'avec du thé, il est préparé avec des feuilles de figuier. Cette idée géniale, on la doit à Archipel, une boîte parisienne qui produit, de loin, les meilleures boissons de champignons.
L'unique endroit où boire ici cette merveille c'est chez Mill Factory. En face d'une gare, celle du Saint-Paul, c'est aussi l'endroit parfait pour déguster un café. Les grains viennent en ce moment du Rwanda, c'est Jérémy Pisani, l'un des tenanciers, qui les torréfie lui-même dans la Drôme et bientôt, espère-t-il, dans son propre local. Cet ancien comédien a appris l'art du café d'abord à Bruxelles, à Paris chez Dose, à Lyon chez Mokxa, puis Slake. Lors de ce parcours il a rencontré Marine Dupuy, pâtissière chez Diploid. Une reconvertie — elle travailla à la SNCF, on en revient à la gare — qui passa son CAP en candidat libre, qui a aussi fait ses armes dans l'excellent restaurant italiano-brésilien Odilia. Chez Mill, elle s'occupe du solide.
Cette sublime tartelette aux fraises
Elle sert d'abord des cookies, des brownies, des cheesecake et des banana bread : tout ce qu'offre la mode pâtissière anglo-saxonne dont on ne voit plus le bout. Si ce n'était que ça, on n'en parlerait pas, mais on trouve dans la vitrine réfrigérée de Marine des choses bien plus passionantes, comme cette sublime tartelette aux fraises et sa crème tout blanche subtilement infusée au sureau, ou ce plus viril Paris-Brest aux noix de pécan.
Et puis quelques audaces, comme cette attaque à une trademark : le Napolitain. Un gâteau qui ne vient pas de la tradition pâtissière française, encore moins italienne. C'est une invention industrielle et nantaise des années 60, signée Lefèvre-Utile. Marine ne pensait pas plagier le créateur du Petit Beurre, le nom lui est venu après ; après avoir confectionné ce gâteau, composé de deux tranches de génoise, d'une crème au basilic et d'une gelée de citron. Elle réinvente aussi la Tropézienne, une autre pâtisserie d'après guerre, elle-aussi brevetée, par Alexandre Micka, qui ramena sur la Côte d'Azur la recette de brioche de sa grand-mère polonaise et qui eut la bonne idée de la fourrer d'un mélange de crème pâtissière et de crème au beurre, aromatisé à la fleur d'oranger. Marine en propose une version miniature qui profite d'un cœur à la pistache : c'est juste délicieux.
Mill ne contente pas que les addicts au sucre et à la caféine. La factory sert aussi le midi ! Marine prépare un pain, qui peut varier — en ce moment il est brioché. Elle le garnit façon Banh Mi, c'est l'invariable : crudités marinées et poulet ou tofu. Mais aussi, en ce moment, façon Pan bagnat — on reste sur la Côte : le thon est mélé à une mayo légèrement relevée de harissa et de citron confit, accompagné d'œufs durs, olives, oignons pickles et roquette, ce n'est pas la recette classique, mais on l'aime.
Mill Factory
6 Rue Octavio Mey, Lyon 5e
Du mercredi au samedi de 8h30 (9h le samedi) à 18h ; le dimanche, brunch de 11h30 à 14h30
2€ l'espresso, 4€ le filtre, 4€ le kombucha, 11€ le dwich, environ 5€ le dessert