Drag queen / Grande gagnante de la première saison de Drag Race France (sur France TV slash et France 2), Paloma — créature queer créée par l'artiste multiple Hugo Bardin — tourne en France avec son premier seul en scène : "Paloma au pluriElles". Elle exhibe deux fois sa couronne en région cet automne.
Perchée sur de hauts talons, un corps long à l'architecture d'une triplette de Belleville, le visage pointu et saillant, un maquillage impeccable, une perruque sculptée et des looks tirés des plus beaux défilés de l'histoire de la haute couture, Paloma, est une drag — une queen. L'an dernier, le personnage d'Hugo Bardin, créé initialement à destination du cinéma pour un long métrage, est devenu la reine du drag en France. Comment ? En remportant le concours de la première émission française de divertissement (et d'éducation) dédiée au drag sur le service public (France 2). Depuis, usant de cet art comme lien entre le milieu queer et "le reste", Paloma enchaîne les scènes, les événements, les interviews. Mais surtout, elle joue son spectacle Paloma au pluriElles partout en France.
Paloma érudite
Lorgnant souvent sur les personnages de reines sombres, de méchantes ou sur les totems de la pop culture ultra référencés, le drag est devenu son métier à temps plein. Fruit d'un grand père historien, d'une famille d'intellectuels et d'un patrimoine culturel riche, Hugo se balade aisément entre des personnages savants et d'autres plus populaires, jouant, au pluriel, sa Paloma bourrée de références du passé. Et voilà que la muse d'Hugo Bardin lui permet d'être à la fois son propre metteur en scène et le comédien de son royaume.
Hugo a un peu la « gueule de Picasso ». Mais, plutôt que d'honorer ce « gros macho » (misogyne, agressif, pervers, violent...*), il baptise sa créature en hommage à la parfumeuse et fille du peintre. On la rencontre sulfureuse en Mylène Farmer, incandescente en Patsy Stone enveloppée dans un trench coat imprimé journal de John Galliano, hilarante en yogi gourou, en cagole du sud, en Lolashiva la militante écologiste — et évidemment tordante en Fanny Ardant ; susurrant qu'elle « adooore les homosexuels et les travelos, c'est tellement romanêêêsque »
Maïeutique artistique
À la différence du stand up, Hugo ne parle jamais en son nom dans le spectacle. Il incarne sa panoplie de personnages fantasques, campant son one women show — et parodiant une société moderne hétéronormée qui force à interroger l'histoire des genres, des corps, et des personnes laissées en marge d'un discours hégémonique masculiniste. Car avant tout, la compétition Drag Race lui aura apporté cela ; un espace de parole propice à sa pratique d'une maïeutique artistique — et une scène privilégiée au divertissement sous l'étendard de messages politiques.
Mais au-delà du drag et du microcosme Queer, c'est une performance complète à laquelle le public est convié. Car il faut savoir chanter, manier le lip sync (frère du playback), danser, se maquiller (quel boulot !), jouer la comédie, avoir un sens de la scène, de l'humour, de la mode ou de la couture. Et dans toutes ces disciplines, Paloma fascine.
Paloma au pluriElles
Le 23 septembre au théâtre à l'Ouest (Décines-Charpieu)
Le 28 octobre à la Salle Victor Hugo (Lyon 6e)
*conseil podcast : Vénus s'épilait-elle la chatte : Picasso, séparer l'homme de l'artiste