Le lyonnais Etienne Kern revient avec La vie meilleure

Méthode Coué / Que se passe-t-il quand on utilise la méthode Coué pour écrire un roman ? Goncourt du premier roman avec Les envolés, Étienne Kern explore la question dans La vie meilleure, paru chez Gallimard. 

4 janvier 1923. Un homme de 66 ans débarque à New York à bord du Majestic (le plus gros paquebot du monde). C’est Émile Coué, professeur d’optimisme et inventeur de la méthode éponyme, au sommet de sa popularité. On pourrait croire que c’est le début de l’histoire, mais c’en est plutôt la fin : le roman remonte aux sources de la vie du pharmacien de Troyes devenu pape de l'autosuggestion.

L’amour des perdants

Pour retracer la vie de ce coach en bien-être version art-déco, Étienne Kern prend la méthode Coué au pied de la lettre : « J’ai imaginé ce qu’a pu être la vie de cet homme qui a mis l’imagination au cœur de sa méthode. » Il part d’une trame réelle, alimentée par des recherches historiques, à laquelle il ajoute des moments fictifs et des fragments de sa propre vie. Dans une écriture qui berce comme un hamac, il dresse un portrait où la tendresse, mêlée de distance et d’ironie, questionne la méthode.

« Ce qui me l’a rendu sympathique, c’est le discrédit dans lequel il est tombé aujourd’hui », déclare Kern à propos de Coué. C’est le même attrait qui sous-tendait son premier roman, Les envolés, consacré à Franz Reichelt, inventeur d’un parachute qui ne fonctionnait pas (on vous laisse deviner comment il l’a découvert). 

à lire aussi : Le Chant des pentes de Simon Parcot, le roman qu’on siffle

#àméditer

Le Coué de Kern est pétri d’intentions sincères et d’ambiguïtés, il aime le pouvoir presque autant que le bien. Derrière ses péripéties de vie, le roman interroge les motivations des personnes et des méthodes qui veulent notre bien. Un parallèle nécessaire avec les discours de développement personnels dont on nous inonde chaque jour un peu plus : « Rebondir. Résilience. Les mots sont différents, le projet est le même. Qu’on s’ajuste au système pour mieux le conforter. Qu’on ne remette rien en cause, sinon soi-même. » #àméditer

La vie meilleure d'Étienne Kern, aux éditions Gallimard

à lire aussi : Alors on danse (avec Dalya Daoud)


Pour accompagner votre lecture :

  • Découvrir le podcast Méta de Choc, qui déconstruit patiemment toutes les dérives sectaires liées au développement personnel
  • Regarder le documentaire Le business du bonheur (Arte)

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