Souffrance, l'allégorie des caves

Au cours d'un impressionnant couplet sur Quartiers est de Jungle Jack, Souffrance résume ce qu'inspire son rap : « On est le lien entre le futur et le passé ». Révélé sur le tard en solo, la jeunesse dans le rétroviseur, après de nombreuses années dans l'ombre et en collectif, le MC de Montreuil est arrivé à maturité aussitôt qu'il est entré dans la lumière. Il vient d'enchaîner trois albums en trois ans, marqués par une progression constante et l'affirmation d'un positionnement clair.

Maestria flegmatique

Esthétique nineties revendiquée (Illmatic, The infamous, Mauvais œil), purisme non dogmatique (en témoignent ses collaborations), il se refuse autant à la nostalgie qu'aux sirènes des tendances actuelles (« C'est pas du rap de collégienne ») préférant miser sur la solidité de ses fondamentaux. Maestria flegmatique micro en main, se dégage une force tranquille (maîtrise technique jamais démonstrative) aux contours surnaturels.

Son egotrip emprunt d'humilité, de puissance fragile, oscille entre punchlines incisives et multisyllabiques sophistiquées, à la faveur d'une écriture dense. Celui à qui il a fallu « 400 défaites pour apprécier la victoire » ravive un héritage précieux, les yeux rivés vers un futur radieux. En atteste son EP estival, Éléphant, aux sonorités solaires et audacieuses.

Souffrance + Durden
Jeudi 17 octobre à 20h30 à Bizarre ! (Vénissieux) ; de 5 à 18 euros