Sélection / Trois métrages coups de cœur aux Imaginaires du court, se déroulant du 12 au 24 novembre à Lyon et à Villeurbanne.
Apnées de Nicolas Panay
En suivant le quotidien d'un chef de chantier poussé à bout, entre délais intenables et plaintes du voisinage, Nicolas Panay orchestre un thriller social à la mise en scène immersive. Le spectateur est d'office plongé dans la peau du protagoniste. L'étouffant plan-séquence d'ouverture sonne comme une note d'intention formelle. Dès lors, le court-métrage ne relâchera plus jamais son étreinte, que l'on suive l'ouvrier sur son lieu de travail ou dans sa vie familiale. Au cœur d'un système oppressif qui cherche la rentabilité à tout prix, la moindre faute d'inattention peut entraîner des catastrophes irréversibles sur les deux plans. Sensoriel et anxiogène, le réalisateur transforme le drame en un pur film de guerre viscéral.
Festival du film court, Compétition 3 - jeudi 14 novembre 18h15 au cinéma Le Zola (Villeurbanne) ; gratuit
Les Belles cicatrices de Raphaël Jouzeau
Lorsque des ex se retrouvent dans un café, c'est toute une vie à deux, pleine de remords, de regrets et de ressentiments qui remonte à la surface. Le film, à la fois onirique et intime, parvient à capter la puissance des sentiments (naissants ou moribonds) en quelques images fortes. Des instants métaphoriques qui révèlent les vérités de l'un et de l'autre, remettant en question les certitudes quant à leur couple. Dans un style graphique très doux, Jouzeau traite ainsi le deuil d'un amour comme une succession de souvenirs impressionnistes s'emboîtant les uns dans les autres. La mélancolie s'abat par vagues et nous laisse, nous aussi, avec une plaie béante dans le cœur.
Festival du film court, Compétition Animation - jeudi 14 novembre 21h00 au cinéma Le Zola (Villeurbanne) ; gratuit
Win-Win de Benjamin Clavel
Satirique et léger (mais pas totalement, et ce dès le début), sans jamais être inconséquent, Benjamin Clavel rend immédiatement palpable à l'écran son plaisir de filmer et diriger des acteurs, les voir s'approprier des dialogues savoureux. En suivant le tournage chaotique d'un reportage racoleur, Win-Win laisse peu à peu le drame et le réel se greffer à sa fiction, sans que son approche faussement désinvolte ne fléchisse. Dans un jeu de ruptures de tons d'une efficacité redoutable, se crée une mascarade détestable entrecoupée de quiproquos pince-sans-rire. Derrière le trio de personnages tiraillé entre obligations professionnelles et conscience, est ciblé en creux le cynisme des puissants, encourageant les pires instincts pour leur profit.
Festival du film court, Compétition 4 - vendredi 15 novembre 18h15 au cinéma Le Zola (Villeurbanne) ; gratuit
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