Courte focale / La forme courte et sa diversité créative sont à l'honneur du 12 au 24 novembre à Lyon et à Villeurbanne. À la faveur d'une initiative de rassemblement visant à créer une émulation et une dynamique vertueuse autour de disciplines insuffisamment visibilisées, quatre festivals complémentaires vont se suivre, se croiser et se passer le relais. Un acte fondateur qui entend bien élargir le champ des possibles.
Quatre festivals reliés sous une même bannière parmi lesquels trois qui couvrent, à leur manière, les différentes périodes de la vie d'un réalisateur, de ses études, à ses premiers films produits. Les Imaginaires du court rassemblant le Festival du film court de Villeurbanne, le Festival Que du feu, la Fête du clip de Lyon, et le Challenge Rushes Hour nous permettent d'appréhender les moments clés d'un parcours de professionnalisation et de découvrir celles et ceux qui feront peut-être le cinéma de demain.
La Cour des grands
Chronologiquement, la manifestation propose (probablement involontairement) de remonter le cours d'une carrière de cinéaste, de son aboutissement avec des œuvres concourant dans un événement international, jusqu'aux premiers pas d'étudiants. Institution depuis plus de quatre décennies, Le Festival du Film Court de Villeurbanne lance les hostilités au cinéma Le Zola. Petite nouveauté de cette 45ᵉ édition, le changement de formule et le passage à une période plus resserrée de cinq jours, lequel offre un panorama étendu de talents prometteurs issus des quatre coins du monde. De nombreuses rencontres (gratuites, dans la limite des places disponibles), séances spéciales, dont un ciné-concert réunissant 14 films de la pionnière Alice Guy, sont à ne pas rater. Au cœur de l'événement, deux compétitions, internationale (divisée en cinq sélections) et animation, avec des courts-métrages pleinement ancrés dans leur époque d'où émerge en filigrane une certaine cohérence thématique.
Les questions d'identité de genre occupent ainsi une place importante à travers des œuvres telles que le documentaire franco-syrien Fatmé de Dial Al Hindaoui, centré sur une petite fille que sa famille considère comme un "garçon manqué", ou le touchant Kor de Saman Hosseinpnor. Ce dernier suit une femme trans ayant fui son service militaire, qui retourne auprès de sa mère dans un village iranien. Se dégage un mal-être ressenti à la fois au sein d'un corps qu'on ne reconnaît pas, et dans un milieu d'origine éloigné de ses valeurs profondes. Cette dynamique sous-tend également dans 4:00 Bullingerplatz de Max Wuchner, où l'on suit une citadine qui retrouve à regret son petit village natal. Beaucoup de films en prise directe avec des réalités politiques brûlantes, parfois attendus dans leurs discours ou leurs traitements, mais pas toujours. À l'instar du très habile Vambora de Laurier Fourniau, qui orchestre une mystérieuse rencontre entre un homme et une femme, sur fond d'élection présidentielle de 2022 et d'opinions possiblement très opposées...
Les complexes physiques et la relation conflictuelle avec l'image de soi se retrouvent quant à eux traités par le biais de l'animation et, étonnamment, d'un point de vue masculin. Se jouant des clichés et des canons de beauté, le houellebecquien Beautiful Men de Nicolas Keppens ou Prends chair d'Armin Assadipour, body horror rageur, s'imposent comme de vraies réussites. Dans une veine plus ludique, Match de Danny Fonsera transforme avec un plaisir contagieux, un affrontement de ping-pong dans un gymnase municipal en duel de western moderne. Si vous désirez sortir des sentiers battus, Love you Forever d'Alexandrea Meyer, tentative de rendre tangible l'expérience de la maternité en créant un chaos sensoriel à la beauté insaisissable, mérite attention.
Started from the bottom
Avant de se jeter dans le grand bain, les étudiants en cinéma de la région lyonnaise sont invités à tenter le Challenge Rushes Hour le 15 novembre. Le but, écrire, tourner et monter en une semaine un film d'une durée comprise entre 30 secondes et 2 minutes en 24h autour de thèmes donnés. Un défi certes, qui est l'occasion de remporter divers prix remis par un jury de professionnels (mise en scène, production, technique, bande-son...) et, surtout, de se faire remarquer. Les films gagnants seront diffusés le dimanche 24 novembre au Zola.
Parvenir à se faire une place, voilà le but de bon nombre d'apprentis cinéastes. Pour ce faire, le Festival Que du Feu, qui fête sa 9ᵉ édition, offre une vitrine à de nombreux courts-métrages répartis en trois catégories. Courts d'École réunit des films réalisés par des étudiants issus de formations audiovisuelles, observe leurs premiers pas dans l'univers du septième art, Courts Circuits fait la part belle aux autoproductions, quant la catégorie Les Premières fois, met au centre des attentions des premiers courts produits. Dans la première section, on attire votre attention sur Corps tannés, documentaire suivant un club de boxe réservé aux femmes et personnes transgenres à Marseille. Dans la deuxième, des Collines de sel, joli instantané d'une histoire d'amour encapsulée dans le temps au travers d'une cassette audio.
Festival du film court de Villeurbanne du 12 au 17 novembre au cinéma Le Zola (Villeurbanne) ; gratuit
Challenge Rushes Hour du 15 novembre au 24 novembre u cinéma Le Zola (Villeurbanne) ; gratuit
Festival Que du feu du 16 au 24 novembre à la MJC Monplaisir (Lyon 8e), au cinéma Le Zola et au Pôle Pixel (Villeurbanne)À lire aussi dans Le Petit Bulletin :
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