Kraut / Geoff Barrow, qui a été à l'origine de l'aventure du groupe néo-kraut, a récemment annoncé son départ après la tournée européenne : une raison supplémentaire de ne pas rater le concert-événement à l'Épicerie moderne.
Un Jour de Noël, 2008, Invada Records, lors d'une jam improvisée, Geoff Barrow, Billy Fuller et Matt Williams croisent leurs instruments pour la première fois. Deux semaines plus tard, le trio se réunit déjà pour enregistrer toutes les traces du premier bourgeon du nouveau-né.
Quelques mois seulement après avoir publié avec Portishead le mémorable Third, Barrow pose donc les bases d'un intense chapitre qui le conduira à plonger dans l'histoire de la kosmische musik, apportant sa pierre à l'édifice majestueux du kraut.
Une discographie acuminée
Le premier album se révèle, baigné dans le psychédélisme aux structures tourbillonnantes et infinies, où les paroles perdent leur clarté en se dissipant dans les brumes indéfinies de l'expérience onirique. Ash Ra Tempel, Can et surtout Neu! sont les esprits tutélaires de cette épreuve douce mais étrange, envoutante et mélancolique. Il suffit d'écouter I know ou The Cornubia pour saisir immédiatement la saveur de leur esthétique emplie d'un anachronisme très contemporain.
Trois ans plus tard, voici >>, deuxième opus d'un groupe qui semble avoir trouvé dans la juxtaposition d'un signe de ponctuation (le chevron) sa signature stylistique. Les hommages à Neu! se déploient, résonnant splendidement (dans Yatton et Liar) conjointement à l'apparition d'un côté de plus en plus rétrofuturiste auréolé de vapeurs psychotropes (Ladies' mile) et d'ascensions sidérales (Eggdog).
Songes et hallucinations
Les années 2012-2019 représentent sans doute la période la plus prolifique du trio : les nombreux singles, EPs, compilations, bandes-son et collaborations spatialisent un son voué dès l'origine à explorer les contrées les plus secrètes de l'âme humaine.
Pendant cette phase particulièrement productive, Beak> signe son troisième album officiel. Puissant, nocturne (Birthday suit), voire cauchemardesque (Brean down, Abbots Leigh), >>> convoque Faust et Amon Düül II, ainsi que Brian Eno et une étonnante ambiance folk (When we fall).
Le dernier chapitre ?
Sans être un chef-d'œuvre incontestable, le dernier opus du trio publié en mai s'avère être un excellent remède contre l'ennui quotidien, grâce à son kraut acide, marqué par un sentiment à la fois angoissant et ludique, balayé parfois par des éclairs trip-hop.
« L'aventure musicale la plus joyeuse que j'ai jamais vécu », selon les mots de Geoff Barrow sur le réseau social Instagram, prend ainsi fin après seize ans. Le concert à Feyzin ne se veut pas une messe funèbre, mais la célébration d'un univers féerique, après laquelle "Life goes on", comme l'annonce le titre de l'EP aux sonorités (jusqu'à un certain point) tropicales de 2019.
Beak> + Litronix
Vendredi 15 novembre à 20h30 à l'Épicerie moderne (Feyzin) ; de 7 à 25 euros