Humour / L'être humain brûle de l'énergie pour, dès qu'il a du temps, scroller sur son téléphone : voilà qui laisse pantois l'humoriste Karim Duval, qui a fait de ce constat (et d'autres) le cœur de son nouveau spectacle. Un "Entropie" à voir dans de nombreuses villes de la métropole ces prochains mois, dont un arrêt le 22 novembre à Rillieux-la-Pape.
Dans son précédent spectacle baptisé Y, l'humoriste Karim Duval disséquait « une génération un peu perdue », à savoir la sienne, la fameuse Y. Dans son nouveau répondant au doux nom d'Entropie, il dépasse l'approche générationnelle pour dépeindre l'entièreté de notre société avec l'œil aiguisé de celui à qui on ne le fait pas – il a été pendant plusieurs années ingénieur avant de tout envoyer paître et de faire de la scène son métier.
« L'entropie, c'est une mesure du désordre, de l'agitation, de l'énergie que l'on dissipe, tous les jours, à chaque instant » explique la note d'intention du spectacle pour justifier ce drôle de titre. L'époque effraie Karim Duval, qui avoue par moments avoir des pensées conservatrices, bien que cette même époque toujours plus rapide ne cesse de le fasciner : tant d'énergie brûlée, – grâce notamment à la technologie – pour gagner du temps afin d'ensuite le perdre futilement.
Avec lui, les situations et les personnages sont donc souvent éloignés de ceux des autres humoristes collés à la vie quotidienne. À l'image de cette intelligence artificielle entraînée à différencier les photos de chien et de chat, à qui Karim Duval donne un délicieux côté stupide mais appliqué.
« Un obus tiré, un arbre planté »
Sur scène, Karim Duval n'est ainsi jamais autant savoureux que quand il pointe les incohérences et autres aspects ridicules de notre monde, que ce soit lorsqu'il imagine des usines d'armement mettant en avant leur RSE (pour responsabilité sociétale des entreprises) avec le slogan « un obus tiré, un arbre planté » ou lorsqu'il se paye la tête de la BPI (pour Banque publique d'investissement) qui finance des reconversions abracadabrantes à d'anciens ingénieurs souhaitant devenir vendeur de glaces aux parfums très perchés. Faire rire avec des sigles abscons, un tour de force.
Ce qui rend – par contraste – certains passages plus fades, déjà vus ici ou là : lorsqu'il peste contre le fonctionnement d'un micro-onde, raconte ses vacances avec un pote suractif, s'agace de la mode du yoga du rire ou se moque des automobilistes tendus. Des facilités sur lesquelles il rebondit heureusement à chaque fois brillamment, en revenant à ses obsessions, et en jouant finement avec le public, selon ses règles. « Merci pour l'applaudissement, mais travaille ton leadership » clame-t-il le soir où nous étions dans la salle à ce spectateur enthousiaste pourtant suivi par absolument personne. De l'énergie gâchée, mais de la matière à rire autant qu'une invitation à ralentir pour, justement, préserver notre énergie.
Entropie
Vendredi 22 novembre à l'Espace 140 (Rillieux-la-Pape) ; 8 à 22 euros
Du mercredi 22 au vendredi 24 janvier à l'Espace Gerson (Lyon 5e) ; de 13 à 18 euros
Samedi 25 janvier au Lissiaco (Lissieu) ; de 5 à 20 euros
Jeudi 6 février au Toboggan (Décines-Charpieu) ; de 24, 50 à 35 euros
Jeudi 20 février à l'Espace Louise-Labé (Saint-Symphorien-d'Ozon) ; de 15 à 21 euros
Samedi 17 mai à l'Iris (Francheville) ; de 12 à 22 euros
Mardi 25 juin à la Bourse du Travail (Lyon 3e) ; de 30 à 35 euros
