La nouvelle édition des Reflets du cinéma ibérique et latino-américain propose une belle brochette de films issus d'une dizaine de pays, avec notamment une flamboyante délégation espagnole. Et quelques belles surprises venues d'ailleurs...Christophe Chabert
Louons d'abord les Reflets du cinéma ibérique et latino-américain (qui n'ont pas lieu au cinéma Le Zola pour rien, salle dont la programmation est devenue l'une des plus pointues et excitantes de l'agglomération) pour une raison : offrir enfin aux spectateurs lyonnais une VO de Malveillance, le dernier film de Jaume Balaguero sorti uniquement en VF durant les vacances de Noël. L'Espagne sera de toute façon à l'honneur cette année, puisque l'ouverture du festival se fera avec l'avant-première de Eva, qui vient de remporter le Goya (le César local) du meilleur premier film. Kike Maillo, son réalisateur, s'empare d'un sujet qui rappelle inéluctablement le AI de Spielberg : en 2041, un ingénieur se voit confier la mission de créer un enfant-androïde. Si le fantastique espagnol a souvent fait des merveilles (notamment grâce à Balaguero...), il s'est rarement aventuré dans la science-fiction. D'où curiosité... Le nom de Montxo Armendariz ne dit pas forcément grand-chose aux spectateurs français ; il est toutefois depuis près de trente ans un des metteurs en scène espagnols importants. Son nouveau film, No tengas miedo, est annoncé comme un de ses plus aboutis ; il raconte comment une jeune femme de 25 ans décide de reprendre sa vie en main et d'affronter les traumas d'une enfance difficile.
La plus belle pour aller tuer
Les Reflets, c'est aussi l'occasion de revoir quelques films marquants de la saison : c'est évident avec L'Étrange affaire Angelica, le très beau dernier film (en date, car le cinéaste centenaire en a déjà mis un autre en boîte !) de Manoel De Oliveira, ça l'est moins avec le surestimé Les Acacias, caméra d'or à Cannes. Passés plutôt inaperçus en salles, il faudra aussi jeter un œil à L'Artiste (rien à voir avec The Artist, hein...) et Amador. Enfin, pas d'hésitation face à l'avant-première de Miss Bala de Gerardo Naranjo. Découvert à Un certain regard à Cannes, ce premier film mexicain est tout simplement électrisant. Une jeune femme cherche à gagner un concours de beauté, mais se retrouve, après quelques mauvaises rencontres, l'otage d'un gang sous la coupe d'un chef particulièrement brutal. Forcée à participer à leurs "opérations", elle est surtout prise au milieu d'un déferlement de violence, gunfights hallucinants que le cinéaste filme en plans-séquences virtuoses. Miss Bala fait le portrait de la société mexicaine contemporaine où le crime finit toujours par payer, tant la corruption est de tous les côtés de la loi. Grand film, grande révélation.
Les Reflets du cinéma ibérique et latino-américain
Au Zola, du mercredi 14 au mercredi 28 mars