Art Contemporain / L'artiste lyonnais Simon Feydieu présente à la galerie Snap une première exposition "brute de décoffrage". Où il est question de gestes, de destruction et de négativité pour crier-créer contre les normes de la représentation ou de la construction.
Nous avions découvert l'artiste lyonnais Simon Feydieu (né en 1984 à Pessac) en 2010 au centre d'art Néon, avec son grand mur nommé Bossanoïa, constitué de carreaux de plâtre reliés entre eux par un mortier fait de... raisins, de citrons verts, de sucre et de figues ! Il y avait de l'humour dans cette œuvre sur laquelle le regard venait buter, coupant l'espace intérieur du centre d'art, et aussi un héritage artistique assumé : celui de l'arte povera ("art pauvre"), du ready-made et des collages et recyclages architecturaux de l'artiste allemand Kurt Schwitters (1887-1948).
Depuis, Simon Feydieu poursuit son cheminement artistique entre installation, construction et sculpture, à partir de matériaux bruts tels que le plâtre, des tubes PVC, du carrelage, de la terre, du béton... Des évocations de figures, quelques signes (parfois frustes tels que des grattages), des formes y apparaissent parfois, entre les lignes (qu'elles soient de mire, de construction, de fortification...).
Volte-face
Pour sa première exposition personnelle à la galerie Snap, intitulée Mimmo, Simon Feydieu joue avec la référence à la peinture abstraite monochrome. On y découvre notamment de grands panneaux en polyptyque où le gris domine, mais selon des modalités différentes : gris miroitant, gris lisse et étale, gris frotté, gris bleuté et dessinant en tous sens comme des bandelettes... Toujours dans le même esprit que celui de ses œuvres précédentes, l'artiste a concrètement récupéré des plaques d'aluminium composite (utilisées couramment pour y coller des photographies), et en a arraché certaines parties, en les présentant de face ou de dos.
Le prénom Mimmo renvoie à l'artiste affichiste italien Mimmo Rotella, au travail proche des affiches lacérées et arrachées de Jacques Villeglé et Raymond Hains. Mais ici, ce n'est pas seulement la décomposition de l'image qui intéresse Simon Feydieu, mais la décomposition ou la détérioration d'un support encore vierge de toute représentation. La négativité créatrice opère en amont de toute apparition, comme un acide ou un éclat de rire corrodant les supports ou les matériaux de ce qui pourrait donner naissance à des images ou à des architectures trop stéréotypées. Devant l'esthétique pauvre et séduisante des panneaux de Feydieu, on entend en écho un grand cri contre la norme.
Simon Feydieu, Mimmo
À la galerie Snap jusqu'au 1er juillet