« Les films sont plus harmonieux que la vie, Alphonse (...) Les films avancent comme des trains (...) Comme des trains dans la nuit. Les gens comme toi, comme moi, tu le sais bien, on est fait pour être heureux dans le travail de cinéma. » Adressée par un metteur en scène à un comédien déboussolé et rongé par le doute, cette réplique est sans nul doute la plus célèbre de La Nuit américaine (1973), film de François Truffaut tout entier consacré à un tournage, ce microcosme si propice en fermentations dramatiques et en réactions extraverties. Mais davantage qu'une flamboyante envolée lyrique, c'est une mise en garde terrible que Truffaut/Ferrand assène ici à son alter ego Jean-Pierre Léaud/Alphonse. Une promesse de joie... mais aussi de souffrance.
Héroïsé par la bande originale haendelienne de George Delerue, ce faux making of déshabille ses personnages et les coulisses du film censé être tourné, Je vous présente Pamela, à jamais invisible. Nourri d'anecdotes et de légendes, La Nuit américaine créera la sienne propre en décrochant l'Oscar du meilleur film étranger et en bruissant de rumeurs — Jacqueline Bisset et François Truffaut partagèrent en effet davantage qu'une affiche. Aujourd'hui, il sert de point de départ à l'exposition Cinéfil(s), amoureusement cousue par l'association d'art textile contemporain Trame de Soi, en partenariat avec le festival 6e Continent.
Une manière de “broder” autour d'une bobine, ou de la prendre comme toile de fond. Si cette démarche aiguillonne votre curiosité, sachez que l'exposition sera visible jusqu'au 25 juin, tandis que le film ne sera projeté qu'une fois. Faufilez-vous donc au Comœdia !
La Nuit américaine
Au Comœdia le jeudi 1er juin à 20h