Danse / Dix ans après sa création, Gallotta reprend à Lyon sa pièce rock et érotique, adaptation de l'album de Gainsbourg chanté par Bashung, "L'Homme à tête de chou".
Formé par Merce Cunningham, oscillant depuis entre abstraction et figuration ou narration, Jean-Claude Gallotta a toujours défendu, coûte que coûte, une « danse d'auteur ». À 70 ans, il a signé d'innombrables pièces, parmi lesquelles, en 2009, L'Homme à tête de chou n'est certes pas la plus follement innovante. Mais elle a pour argument choc de réunir trois monstres de la création française : Serge Gainsbourg, Alain Bashung qui a repris juste avant sa disparition l'album de Gainsbourg, et Gallotta lui-même ! Autre argument : si Gallotta ne s'y réinvente guère, ne s'y pose pas trop de questions éthiques ou artistiques, il y insuffle néanmoins une énergie à la fois sombre et rock, avec des mouvements choraux des douze interprètes souvent ébouriffants et jouissifs. L'Homme à tête de chou se développe en flux continu, avec des corps à la fois virtuoses et déglingués qui se jettent dans la bataille de la vie, de l'érotisme et de la mort.
Sans tabou
La voix émouvante de Bashung nous narre-chante l'histoire dramatique de Marilou et de son amant journaliste à scandales qui sombre peu à peu dans la jalousie et la démence meurtrière. La pièce est émaillée de moments expressifs et mimés qui reprennent les scènes clefs de l'album de Gainsbourg : la rencontre dans le salon de coiffure, les plaisirs solitaires de Marilou, le triolisme avec les deux rockers, le meurtre à l'extincteur d'incendie, l'internement à l'asile... Tout est représenté de façon explicite et franche : les mains plongent entre les cuisses, Marilou danse avec ses deux amants en les agrippant par leurs braguettes, les corps se dénudent... Sans le moindre tabou, sans trop réfléchir, Gallotta fait filer sa pièce à toute et belle allure.
Jean-Claude Gallotta, L'Homme à tête de chou
À la Maison de la Danse du mardi 11 au vendredi 14 février