«Les effets spéciaux, ce sont les faits»

«Les effets spéciaux, ce sont les faits»

Entretien / Extraits de la conférence de presse cannoise de David Fincher, réalisateur de Zodiac.

Serial Killer

David Fincher : J'avais le sentiment que tout avait été dit au cinéma concernant les serial killers. Mike Medavoy m'a appelé un matin et m'a dit : «Tu ne voudras probablement pas lire ce script, mais il renverse toutes les règles dont nous avons si souvent parlé...». Je lui ai demandé comment ça s'appelait, et il m'a répondu : «Zodiac». En fait, il y a eu un moment marquant dans ma vie, quand j'avais dix ans dans la baie de Los Angeles : j'allais à l'école en bus, et nous étions suivis par des voitures de police. Quand j'ai ouvert le script, je pensais donc tout savoir sur cette histoire, et c'est en le lisant que j'ai découvert que je ne savais rien du tout. De plus, la manière dont était décrit le contexte politique et médiatique rendait le scénario bien plus intéressant que n'importe quel slasher.

Années 70

Nous ne voulions pas faire un pastiche des années 70, nous ne voulions pas de pattes d'eph', de grosses montres ou de plumes dans les cheveux. Ça ne devait pas être Starsky et Hutch. Notre vision de San Francisco, c'est celle de gens qui en sont encore au début des années 60, et la plupart des policiers du film étaient encore dans les années 50. Ce n'était pas le San Francisco du «Summer of love», c'était le San Francisco corporatiste.

Rigueur

Avec le production designer et le chef opérateur, nous avons longuement discuté, et nous sommes arrivés à cette conclusion : les effets spéciaux du film, ce sont des faits et des données, ce qui n'est pas très sexy. Il fallait montrer au public que, ce qui est important, c'est ce que les personnages disent, pas forcément ce qu'ils font. Nous avons donc décidé de ne pas en rajouter dans les fioritures, ce qui conduit à adopter un style très rigoureux. Notre question essentielle était : peut-on être un peu plus large, peut-on donner un petit peu plus d'espace... Car l'important dans le film, c'est la manière dont les personnages interagissent avec leur environnement, comment ils procèdent avec les informations et comment ils se comportent vis-à-vis d'elles.

à lire aussi

vous serez sans doute intéressé par...

Mardi 3 janvier 2017 Un quart de siècle déjà qu’il retourne les perspectives cinématographiques, prend du champ avec les codes et donne de la profondeur aux grands genres. David (...)
Lundi 13 octobre 2014 La saga Alien proposée pendant toute une nuit à la Halle Tony Garnier est non seulement l’occasion de revoir une des franchises les plus stimulantes du cinéma de SF américain, mais aussi la possibilité de constater les premiers pas de quatre...
Mardi 7 octobre 2014 Film à double sinon triple fond, "Gone Girl" déborde le thriller attendu pour se transformer en une charge satirique et très noire contre le mariage et permet à David Fincher de compléter une trilogie sur les rapports homme / femme après "The Social...
Mardi 2 septembre 2014 Moins flamboyante que l’an dernier, la rentrée cinéma 2014 demandera aux spectateurs de sortir des sentiers battus pour aller découvrir des films audacieux et une nouvelle génération de cinéastes prometteurs. Christophe Chabert
Jeudi 14 novembre 2013 "L'affaire du Dahlia Noir", c'est l'histoire d'un meurtre non élucidé, celui d'une jeune femme de vingt-deux ans à la chevelure florale, Elizabeth Ann (...)
Mercredi 4 septembre 2013 On croyait Eric Powell du genre à ne fréquenter que des conventions de nerds casse-bonbons. On se trompait : le créateur du Goon, personnage parmi les plus cultes de la BD américaine contemporaine, est attendu cette semaine à la librairie Comics...
Jeudi 12 janvier 2012 Livre / Le titre du court essai (93 pages) de Guillaume Orignac en dit déjà long sur sa thèse : David Fincher ou l’heure numérique. Pas «à» l’heure numérique, (...)
Mercredi 11 janvier 2012 Avec cette version frénétique du best-seller de Stieg Larsson, David Fincher réussit un thriller parfait, trépidant et stylisé, et poursuit son exploration d’un monde en mutation, où la civilisation de l’image numérique se heurte à celle du...
Vendredi 8 octobre 2010 Analyse / Vilipendé à la sortie de Fight club, David Fincher est dix ans plus tard acclamé pour les mêmes raisons : sa capacité à créer des héros ambivalents synchrones avec l’ère numérique. Christophe Chabert
Mardi 20 avril 2010 Cinquième film de Noah Baumbach — mais deuxième à sortir en France, cette chronique d’une rencontre entre deux solitaires retrouve le ton adulte et doux-amer du grand cinéma d’auteur américain des années 70. Christophe Chabert
Mardi 27 janvier 2009 Portrait / David Fincher, réalisateur de Benjamin Button, adopte de plus en plus le «Eastwood style» face aux journalistes, résumable par : je fais ce que j’ai à faire. Christophe Chabert

Suivez la guide !

Clubbing, expos, cinéma, humour, théâtre, danse, littérature, fripes, famille… abonne toi pour recevoir une fois par semaine les conseils sorties de la rédac’ !

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X