Qu'ils voyagent dans des espaces fictifs ou réels, les (bons) artistes opèrent toujours chez nous un déplacement du regard. Petite sélection, non exhaustive, des expositions attendues en ce début d'année 2014.Jean-Emmanuel Denave
Après avoir accueilli une partie de la Biennale, le Musée d'art contemporain semble vouloir décompresser avec la curieuse et vrombissante exposition Motopoétique (du 21 février au 20 avril). Soit 200 œuvres signées par 38 artistes (BP, Alain Bublex, Ange Leccia, Xavier Veilhan...) et réunies par le critique d'art Paul Ardenne (auteur notamment du très intéressant Art, l'âge contemporain), toutes en rapport avec... la moto ! Les non bikers auront quelques doutes sur l'intérêt de ladite thématique, mais Paul Ardenne nous assure percevoir et ressentir la moto comme «un outil essentiel mis au service d'un sensualisme total». «La moto condense tout à la fois le mécanique, le viscéral, l'animal, le brut» et le critique fonceur n'hésite pas à y voir jusqu'à un «objet transitionnel» en citant le psychanalyste Winnicott !
A moto, en auto ou en bus, le photographe Bernard Plossu a depuis longtemps fait de l'errance une ligne à la fois éthique et esthétique. Après ses voyages au Mexique ou aux Etats-Unis, il présentera au Réverbère (du 18 janvier au 12 avril) des photographies glanées au Portugal et en Grèce. «L'idée de réunir les images de ces deux pays extrêmes du sud européen est apparue sans motivation profonde, ni raison précise : et c'est précisément cela qui fait que l'idée a germé, cette non-raison cartésienne, cette manière de peut-être juste les réunir pour le plaisir, visuellement comme dans la vie...» annonce ce photographe aux semelles de vent dont on aime tant les images à la poésie improvisée, et qui exposera aussi à l'Ecole Normale Supérieure Lettres (du 16 janvier au 21 mars).
Des troubadours à Kafka
Le Musée des Beaux-Arts (du 19 avril au 21 juillet, avec une deuxième partie d'exposition au Monastère de Brou à Bourg-en-Bresse) nous invite quant à lui à voyager dans le passé en revenant sur la peinture «troubadour» (L'Invention du passé), mouvement pictural du début du XIXe qiècle épris d'histoire et d'iconographie médiévales. On pourra encore voyager cet été jusqu'au Brésil au Musée d'art contemporain avec un panorama de la création contemporaine brésilienne (Imagine Brazil), entre fiction et réalité avec l'exposition monographique consacrée à Guillaume Leblon à l'Institut d'Art Contemporain (du 5 juin au 24 août), ou aux Etats-Unis sur les traces de l'écrivain William Faulkner avec le photographe Alain Desvergnes (au Bleu du Ciel du 17 avril au 21 juin).
Sans forcément beaucoup se déplacer, d'autres artistes travaillant sur la notion d'espace (imaginaire, poétique, social...) dévoileront à Lyon leurs travaux récents et attendus. Perrine Lacroix présentera dès ce samedi 11 janvier, dans la nouvelle galerie Snap (ouverte en octobre dernier dans le 7e arrondissement), une installation autour du thème du mur, Karim Kal ses images inquiétantes de no man's lands et de sites urbains délaissés au Bleu du Ciel (du 6 février au 5 avril) et Frédéric Khodja ses nouveaux dessins à la topologie et aux références très kafkaïennes à la galerie Françoise Besson (du 5 juin au 30 juillet).