« Les webradios sont les nouvelles radios libres ! » Pour apprécier la pertinence du propos, signé Alain Garlan et Robert Lapassade, il faut remonter aux sources de Radio Bellevue dans les années 1980, née radio pirate au sein du collectif Frigo.
Pan essentiel de l'underground artistique des eighties, ce collectif d'artistes touche alors à tout : la musique et notamment le rock, la BD (deux disciplines encore peu respectées), la danse contemporaine, la performance, l'art vidéo. Frigo s'impose même leader de l'art vidéo : c'était le début des clips et « on montait des images sur la musique » soit tout le contraire de ce qui se faisait jusqu'alors côté cinéma.
En passant, la paire a ressuscité Radio Bellevue qui devient RBW (Radio Bellevue Web). La station est née en 1981, dans les locaux de Frigo : une chambre froide, à l'origine du nom du groupe, rue Saint Michel, où se trouve actuellement la salle de concerts 6e Continent. D'abord radio pirate, elle devient rapidement radio libre. L'absence de vue depuis leur immeuble lui donne son nom...
La radio devient le haut-parleur de toutes leurs activités : elle s'inscrit dans leur art expérimental, leur culture du mélange et du bidouillage. Après plusieurs virements de bords, explosions et changements de noms... la revoilà sur Internet.
Avec un Graal : l'international. Car le gros avantage de la webradio par rapport à la bande FM est la possibilité d'être écoutée partout dans le monde. Ce qu'a bien compris RBW, confectionnant des montages sonores dans toutes les langues et proposant un flux musical construit en cycles, pour créer un flottement volontaire : pas d'heure, pas d'informations. Un ancrage local mais une vision du monde éclatée : les membres de Frigo vivent à Paris, à Cuba, au Vietnam et cela s'entend. À écouter sur frigobellevue.net ou sur leur Soundcloud, puisqu'aujourd'hui « les gens veulent choisir ce qu'ils écoutent. »